Composition et création musicale: Alexina Louie aime les défis

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Publié 10/03/2009 par Jean-Thérèse Riley

C’est au piano qu’elle compose. Elle a commencé à étudier le piano à l’age de 7 ans. Née à Vancouver de parents d’origine chinoise, elle a poursuivi des études approfondies en piano et plus tard en composition et histoire de la musique à l’Université de Colombie Britannique. On dit que son style est enraciné dans les traditions de l’Orient et celles de l’Occident. D’après elle c’est la pensée chinoise qu’elle a intégrée. Dans tout ce qu’elle compose il y a le Yin et le Yang: le silence et la contemplation coexistent avec la passion, la couleur et le mouvement.

Alexina Louie est couronnée de prix et d’honneurs, dont deux prix Juno. Ses compositions sont jouées par les grands orchestres et les grands musiciens. Elle a créé des œuvres pour orchestres, formations de chambre et solistes. Ses œuvres sont interprétées régulièrement au Canada et à l’étranger. Elle a compose un opéra, The Scarlett Princess, pour la Canadian Opera Company (2002) et la musique pour un ballet, Wolf’s Court, pour le Ballet National du Canada (2007). La variété, l’originalité et le nombre de ses créations reflètent une discipline, une rigueur et une énergie peu communes.

La saison 2008/09 a été très occupée pour elle. Elle a composé une pièce pour les épreuves des pianistes compétiteurs du Concours international de musique de Montréal en mai dernier.

Fastforward a suscité tellement d’enthousiasme chez ces jeunes pianistes venus des tous les coins du monde que plusieurs l’ont intégré à leur répertoire. Vous pouvez voir et entendre sur YouTube cette pièce dont l’effervescente évocation d’un joyeux boogie-woogie coexiste avec des moments de quiétude et d’intériorité.

Réjouir l’oreille et toucher le coeur

Cet effet est tout à fait caractéristique des compositions d’Alexina. Sa musique a un impact immédiat qui réjouit l’oreille et touche le cœur dès la première écoute. Chose rare. On dit de la musique contemporaine qu’il faut écouter une nouvelle pièce plus d’une fois avant de l’entendre. En octobre et novembre elle accompagnait l’Orchestre du Centre national des arts qui jouait son Infinite Sky with Birds dans plusieurs municipalités de l’Ouest canadien. D’ailleurs on anticipe sa participation (une nouvelle création?) aux grandes célébrations du 40e anniversaire du CNA en juin.

Le début du mois de mars à Toronto se trouve illuminé chaque année par le festival New Creations de l’Orchestre Symphonique de Toronto, un projet initié par Peter Oundjian en 2005 pour offrir aux mélomanes de la ville la chance de découvrir des créateurs et des créations nouvelles. Depuis le début de son mandat on admire Peter Oundjian pour le goût, le bon jugement, l’originalité et l’audace des choix qu’il fait pour la programmation. Ce festival en est la manifestation la plus brillante.

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Extraordinaire cocktail de talents

Cette année les influences étaient asiatiques, un mélange singulier d’éléments chinois, japonais et canadiens. Le compositeur et chef Tan Dun, d’origine chinoise, a dirigé l’orchestre pour deux des trois concerts du festival. Le programme comprenait des œuvres de Tan Dun lui-même ainsi que deux œuvres importantes de Taro Takemitsu, le maître japonais, lauréat du Prix Glenn Gould 1996.

Tan Dun avait été choisi par Takemitsu comme récipiendaire de la bourse Glenn Gould pour un jeune protégé. De Tan Dun on connaît bien la musique éblouissante des films Crouching Tiger, Hidden Dragon et Hero. Pour ajouter à ce cocktail de talent extraordinaire l’Orchestre a demandé à Alexina Louie de composer un concerto d’environ 20 minutes pour quatuor à cordes et orchestre. Oundjian a été pendant longtemps le premier violon du Tokyo String Quartet, un des quatuors les plus acclamés de la planète. Il a demandé à ses amis de jouer la première mondiale de cette création complexe, encore un triomphe pour Alexina qui a relevé le défi avec son brio habituel.

A la fin de mars l’Orchestre Symphonique de Montreal jouera la première mondiale de Take the Dog Sled, une œuvre créée par Alexina pour petit ensemble et chants gutturaux inuits, dirigée par Kent Nagano.

Alexina Louie a une allure de jeune fille et des yeux espiègles qui cachent l’intensité féroce de ses pouvoirs de concentration. On ne récolte pas des résultats si éclatants mois après mois et saison après saison sans un travail presque sans répit. Bravo, Alexina, et merci.

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