Cinq années de recherche sur les cyberpédophiles

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Publié 09/08/2011 par Paul-François Sylvestre

Par leur accessibilité et la grande variété des moyens de communication, les nouvelles technologies de l’information «facilitent et accentuent la production, la distribution et l’échange de fichiers contenant de la pornographie juvénile». Voilà ce que Patrice Corriveau et Francis Fortin affirment d’entrée de jeu dans leur essai intitulé Cyberpédophiles et autres agresseurs virtuels.

Après cinq années de recherche dans les locaux et sous la supervision d’officiers du Module de cybersurveillance et de vigie de la Sûreté du Québec, les deux auteurs ont publié leurs conclusions, d’abord en abordant le lien qui unit le visionnement de matériaux mettant en scène des enfants et les abus sexuels sur ces derniers.

Or, il s’avère que la très grande majorité des agressions est commise par des personnes de l’entourage de l’enfant et non par des inconnus qui se terrent dans le cyberespace. En deuxième lieu, les chercheurs tracent un bref historique de l’évolution des nouvelles technologies et de l’impact qu’elles ont eu sur la production et la diffusion de la pornographie juvénile.

«Tout d’abord, la dissémination rapide et anonyme de ce type de contenu a permis de simplifier ces pratiques illicites. Cela a ensuite encouragé la création et/ou le maintien de groupes déviants qui agissent (…) en tant que communautés d’amateurs.»

On note aussi que cela a renforcé la croyance selon laquelle la pratique sexuelle entre adulte et enfant se fait avec le consentement de ce dernier puisque des images le montre souvent souriant.

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La recherche de messieurs Corriveau et Fortin démontre que les moteurs de recherche comme Google et Yahoo ne constituent pas un lieu privilégié pour découvrir des images pornographiques. Le tourisme sexuel y joue un rôle de premier plan, notamment dans les pays asiatiques ou dans ceux de l’ancien bloc de l’Est.

La distribution de pornographie juvénile s’accomplit largement via des réseaux de contacts entre internautes, comme «les groupes de nouvelles Usenet».

Il s’agit de «communautés déviantes où des amateurs de pornographie juvénile se retrouvent, échangent entre eux et développent des relations sociales particulières».

Les néophytes y apprennent «comment se protéger des forces policières, comment conserver leur pseudonymat et comment participer plus activement à l’échange de nouveau matériel».

Y a-t-il un profil type du cyberpédophile? Selon Corriveau et Fortin, il y a d’abord le «collectionneur pur et dur» qui minimise ses contacts avec les autres cyberpédophiles et conserve sa collection pour un usage personnel.

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Ensuite il y a le «collectionneur/distributeur» qui s’engage davantage dans les communautés d’amateurs de pornographie juvénile selon ses connaissances techniques.

Les «amateurs/abuseurs» forment le troisième groupe: l’acte commis peut être passager ou fréquent, le cyperpédophile peut être «abuseur physique, séducteur, producteur et polymorphe».

En dernier lieu, il faut inclure un type d’amateur de pornographie juvénile resté jusqu’à maintenant dans l’ombre: «celui qui aime ces images, mais qui ne les collectionne pas», donc un «amateur de passage».

L’ouvrage propose quelques pistes de solutions pouvant aider les parents à intervenir pour combattre ce phénomène et pouvant mettre les jeunes en garde contre ces dangers. Les auteurs insistent sur l’importance d’adapter les messages de présentation, surtout ceux destinés aux adolescents.

«Il faut leur rappeler certains des effets pervers qui peuvent découler d’un usage non sécuritaire de l’internet», notamment que certains actes posés aujourd’hui devant un webcam peuvent revenir les hanter bien des années plus tard, lorsqu’ils ou elles seront en quête d’un emploi, mariés ou parents.

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La dernière phrase du livre se veut un cri d’alarme lancé les chercheurs: «Détection, information, sensibilisation et éducation, voilà les maîtres mots de la lutte contre la pornographie juvénile.»

Patrice Corriveau et Francis Fortin, Cyberpédophiles et autres agresseurs virtuels, essai, Montréal, VLB éditeur, 2011, 168 pages, 24,95 $.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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