Cinémathèque Ontario: un 7e art au goût de France

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Publié 15/07/2008 par Khadija Chatar

Les œuvres des réalisateurs français Jean Eustache, Alain Resnais et Alain Robbe-Grillet sont à l’affiche de la saison d’été de la Cinémathèque de l’Ontario. C’est l’occasion de découvrir ces toutes dernières copies offertes gracieusement par le Ministère français des Affaires étrangères.

De ces cinéastes, Jean Eustache est, sans conteste, le plus singulier en son genre. Malgré plusieurs films répertoriés de chefs-d’œuvre du cinéma français, il reste pourtant encore méconnu par le grand public. Selon James Quandt, programmateur principal à la Cinémathèque de l’Ontario: «Les films de Jeans Eustache sont dérangeants. Le réalisateur a la capacité d’éveiller les émotions du spectateur au point de créer en lui un malaise. Le spectateur éprouve cette sensation de s’immiscer, malgré lui, dans le mal-être du cinéaste».

À travers ses films, Eustache se met à nu émotionnellement, il s’autocritique ouvertement auprès de son audience.

Comme plusieurs cinéastes avant-gardistes de son époque, Eustache faisait partie de la Nouvelle Vague, ce courant cinématographique révolutionnaire né dans les années soixante.

Néanmoins, très vite, il préfère s’en éloigner pour poursuivre une voie propre a son style artistique. Précurseur du cinéma moderne, il a su jeter les ponts entre deux genres. «Il est l’image du désillusionnisme régnant des années soixante», poursuit M. Quandt.

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Un trait qui expliquerait son dédain pour la politique. Ses films ont, en effet, la particularité de refléter une certaine introspection d’Eustache lui-même, sans se préoccuper du monde extérieur.

Plusieurs grands noms du cinéma français, tels qu’Olivier Assayas, Claire Denis, Arnaud Desplechin, Bruno Dumont et Claire Simon se sont, d’ailleurs, inspirés de cette singularité cinématographique.

Bien qu’il ait quitté la bande de Truffaut, il n’empêche, que vers la fin de sa vie, Eustache l’ait d’une manière rejointe. Les deux hommes, à l’instar de plusieurs autres cinéastes de l’époque, portaient un intérêt prononcé à la «France profonde», c’est-à-dire la vie au village, (Les quatre cents coups et Mes petites amoureuses).

Et pourtant, plus que quiconque, Eustache était connu pour ses portraits de la vie citadine. Son film La maman et la Putain dépeint à merveille la ville de Paris. Un retour aux sources qui sera repris par la nouvelle génération de cinéastes qui succéda.

Alain Resnais, le bien-aimé du grand public torontois, paraît pour la troisième reprise au programme de la Cinémathèque de l’Ontario. Alors que le public identifie Alain Resnais comme l’une des figures emblématiques de la Nouvelle Vague, cet homme se démarque, des autres membres des Cahiers du cinéma, par son approche plus intellectuelle et littéraire.

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Hiroshima, mon amour n’est autre que l’adaptation du chef-d’œuvre littéraire de Marguerite Duras. Politiquement engagé donc, il est aussi l’un des rares à aborder la question, alors épineuse, de la guerre d’Algérie et de son impact sur le peuple français.

Alain Robbe-Grillet et Alain Resnais s’entendaient particulièrement sur un certain point: utiliser le cinéma comme un laboratoire à images où ils pouvaient s’adonner à présenter le fonctionnement du cerveau humain.

«Alain Robbe-Grillet était un expérimentateur qui utilisait le cinéma comme un terrain de jeux intellectuel où il manipulait les mots, les sons et les images pour représenter les émotions et les souvenirs des personnages», conclut James Quandt.

Dans le répertoire des films de Jean Eustache à l’affiche de la cinémathèque, on retrouve La maman et la putain (1973), Mes Petites Amoureuses (1974) et Les photos d’Alix (1980). Plus que quelques jours pour découvrir ces long-métrages dont la dernière diffusion aura lieu ce jeudi 17 juillet.

Les projections des films du duo Alain Resnais et Alain Robbe-Grillet ne débuteront, quant à elles, qu’à partir du vendredi 25 juillet jusqu’au 20 août. Parmi les œuvres au programme, on retrouve L’année passée à Marienbad (1961), Muriel (1963) et Nuit et brouillard (1955).

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Cinémathèque de l’Ontario, AGO Jackman Hall, 317 Dundas W.
Pour plus d’informations, visitez le site www.cinemathequeontario.ca

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