Cinéma, peinture, faune et artefacts fous braque

Quatre expositions à Québec

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Publié 08/08/2006 par Paul-François Sylvestre

Mon pèlerinage annuel à Québec m’a conduit au Musée de la civilisation, au Musée de l’Amérique française et au Musée national des beaux-arts du Québec. Au total, j’ai savouré quatre expositions, dont trois sont en montre jusqu’en 2007. Au menu figuraient une aventure dans le cinéma québécois, une collection de spécimens naturalisés, des artefacts fous braque et une rétrospective du peintre Clarence Gagnon.

En présentant L’Aventure cinéma (v.o. québécoise), le Musée de la civilisation trace un parallèle entre l’histoire du cinéma québécois, de 1896 à 2006, et l’évolution de la société québécoise au cours de ces 110 ans. Ce tour d’horizon, avec audio-guide, se fait par le biais de deux parcours, l’un chronologique, l’autre thématique.

Dans le premier parcours. Rémy Girard nous raconte l’évolution du cinéma québécois dans une mise en scène qui nous fait découvrir pas moins de 300 artefacts tels qu’une caméra-projecteur 35 mm de 1895, une boîte de montage de 1948, une lettre de Jean Cocteau à Claude Jutra (1960), la robe portée par Monique Mercure dans Deux femmes en or (1969), l’oscar remporté par Denys Arcand pour Les invasions barbares (2004) et la pochette des disques de Patsy Cline et de David Bowie du film C.R.A.Z.Y. (2005).

Le parcours thématique nous invite à voir toute une brochette d’extraits de films (il y en a pour quatre heures si vous choisissez de tous les visionner). Ces extraits abordent les thèmes suivants: le pays, rêver d’ailleurs, l’heureuse famille, religion, convivialité, tourne ta langue, demain nous appartient, le cœur à rire, basse-cour, moi et l’autre. Parmi les films sélectionnés pour illustrer ces divers thèmes, mentionnons Danse indienne (1898), Séraphin (1950), La petite Aurore l’enfant martyre (1952), Mon oncle Antoine (1971), Les bons débarras (1980), Un zoo la nuit (1987), et Un homme et son péché (2002).

Le Musée de la civilisation présente aussi une exposition qui sort des sentiers battus. Intitulée Artefacts fous braque, cette petite exposition vaut le détour. Elle offre un traitement éclaté, original, plein de clins d’œil et d’humour, à l’image des objets présentés. Dès l’entrée, un agent de sécurité complètement médusé, Médée Laméfiance, nous confie que les objets d’art populaire en montre ont décidé d’organiser eux-mêmes cette exposition. Pour montrer leur sérieux, ils ont prévu des forums de discussion où ils donnent leur point de vue sur… l’art populaire.

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Est-ce quétaine, rustique, naïf, imaginatif, nostalgique, excentrique, insolite ou tout cela à la fois? À chacun d’y découvrir le tiers intéressant, le tiers amusant et le tiers délirant. Difficile de ne pas rester joliment étonné devant un aquarium… ailé, rempli de perroquets, de canards et de flamants roses qui côtoient un hibou, un échasseur, une girouette et une oie. Plusieurs des objets sont sculptés en bois ou en glaise, certains sont fabriqués en métal; il y a aussi quelques tableaux et une courtepointe.

Pour que nature vive

Ma troisième exposition m’a conduit au Musée de l’Amérique française, situé dans l’ancien Séminaire de Québec, juste à côté de la basilique. Intitulée Pour que nature vive, cette galerie de 140 spécimens nous fait d’abord prendre conscience de la richesse de la nature. Elle cherche aussi à illustrer comment les animaux peuvent susciter toute une gamme d’émotions, de l’attendrissement au dégoût, en passant par la peur et l’indifférence.

L’attendrissement est évident devant un faon du cerf de Virginie (âgé d’environ deux mois) ou devant six bébés manchots empereur. Féroce et sanguinaire, le loup de la Tasmanie suscite une peur évidente (les Australiens l’ont éradiqué en 1830). Un animal suscite l’étonnement, peut-être même le dégoût. Il s’agit de l’ornithorynque qui a un bec de canard, une queue de castor et des pattes palmées; ce spécimen pond des œufs et allaite ses petits. Il est dépourvu de dents et écrase sa nourriture entre sa langue et son palais pourvu de rainures. Il n’a pas d’oreilles externes, mais il possède une vue et une ouïe fines.

Cette exposition souligne le 200e anniversaire des activités muséales du Séminaire de Québec. Adapté par le Musée de l’Amérique française, le concept de l’exposition provient du Muséum national d’histoire naturelle de Paris.

Dernière mais non la moindre, l’exposition consacrée au peintre Clarence Gagnon (1881-1942) vaut le détour puisqu’on y présente des œuvres provenant de collections privées, donc rarement accessibles au grand public. Intitulée Rêver le paysage, cette exposition est présentée par le Musée national des beaux-arts du Québec et comprend quelque 200 œuvres, surtout des peintures, mais aussi une sélection de gravures, de dessins et d’illustrations de livres.

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Cette rétrospective, la première depuis 60 ans, présente des paysages européens et laurentiens. Du romantique jardin du Luxembourg à Paris au Ponte della Paglia à Venise, en passant par des plages à Saint-Malo et à Dinard, la tombée du jour à Sienne, le mont Saint-Michel le matin, ainsi que les merveilleux paysages de Charlevoix, des Laurentides ou de la Côte-Nord, l’exposition offre une gamme de tableaux où respire la douceur. Rien n’est brusque, sec ou noir; tout coule lentement dans des teintes de pastel.

L’hiver est la saison de prédilection de Clarence Gagnon. L’été est souvent voilé dans une brume. Les forêts sont rarement enflammées et les montagnes semblent presque toujours drapées de bleu. Ce qui m’a le plus ébloui est la collection des 16 illustrations du roman Maria Chapdelaine, de Louis Hémon. Chaque scène est un concentré d’émotions, voire de vision.

• L’Aventure cinéma (v.o. québécoise) est présentée jusqu’au 3 septembre 2007.
• Artefacts fous braque est en montre jusqu’au 4 février 2007.
• Pour que nature vive est à l’affiche jusqu’au 25 mars 2007.
• Rêver le paysage prend fin le 10 septembre 2006.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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