«Chopin, étudiant de 3e année, talent exceptionnel, génie musical»

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Publié 23/02/2010 par Gabriel Racle

Cette élogieuse appréciation d’un élève du conservatoire de Varsovie, faite en 1829 par son directeur, concerne un garçon de 19 ans, né le 1er mars 1810 (officiellement le 22 février) dans un village proche de cette ville, dont la Pologne et le monde musical célèbrent cette année le 200e anniversaire de naissance.

«L’année 2010, c’est un moment unique pour la Pologne dans le monde», déclare Waldemar Dabrowski, Commissaire polonais de l’Année Chopin. «Les événements du bicentenaire n’ont pas pour but de populariser la musique de Chopin, celle-ci n’en a pas besoin, mais de présenter au monde l’image de la Pologne d’aujourd’hui à travers la musique de Chopin.»

Cette perspective officielle est justifiée par la place que l’art a exercée dans une Pologne soumise aux soubresauts d’une histoire qui, au fil des ans, a sans cesse déchiré le pays entre ses voisins: «Seul l’art parvint à créer un lien réel dans la conscience nationale et à unifier le peuple (…) Un des symboles de la liberté et de l’unification nationale est représenté par le plus grand poète, Adam Mickiewicz, et par l’un des plus grands compositeurs, F. Chopin», explique Zofa Lisa dans La Musique (Larousse).

Chopin fait une synthèse des tendances musicales polonaises du moment. Il puise dans les danses et les chants populaires, pour créer des œuvres de haute volée, originales, qui s’inscrivent dans le romantisme européen qui règne alors, en y apportant une touche spécifiquement polonaise.

L’artiste

Né d’un père français et d’une mère polonaise, Frédéric étudie très jeune le piano et se révèle bien vite comme un petit prodige: à 8 ans, un an après sa première leçon, il donne un premier concert de bienfaisance. Il avait déjà écrit sa première œuvre, une Polonaise pour le piano forte, publiée en 1817. Un Rondo en ut mineur sera sa seconde œuvre publiée en 1825.

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À l’automne 1826, Chopin étudie la théorie musicale, la basse chiffrée et la composition à l’École supérieure de musique de Varsovie. Élève doué, faisant preuve de talents pour l’invention mélodique, l’improvisation, les effets brillants et une harmonie parfaite, il termine ses études avec l’élogieuse notation citée plus haut.

Voyageur et compositeur

Chopin décide de voyager à l’étranger pour se familiariser avec la musique européenne et se faire connaître. Il passe à Vienne, donne deux concerts (1829) et connaît un vif succès. De retour à Varsovie, il compose deux concertos pour piano, et ses premiers nocturnes, études, valses, mazurkas et chants. Il repart pour Vienne et compose des œuvres d’un style nouveau, fortes et passionnées, comme le Scherzo en si mineur et des Études.

Il se rend à Paris (1831) et se lie d’amitié avec Liszt, Mendelssohn, Berlioz. Son concert de 1832 lui vaut un énorme succès. Il donne des leçons de piano et s’exécute en petits comités pour gagner sa vie. Il n’aime pas se produire en public. Il fait la connaissance de la romancière Aurore Dudevant, connue comme George Sand.

Cette liaison de 10 ans, rompue en 1847, est bénéfique pour Chopin, comblé sur le plan affectif, qui compose ses productions les plus remarquables. Mais la rupture affecte sa santé physique et morale. Il gagne l’Angleterre et l’Écosse en 1848. Trop de concerts, trop de visites, trop d’activités ruinent sa santé fragile. Il décède à Paris le 17 octobre 1849. Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise, mais son cœur est dans une église de Varsovie, conformément à son testament.

Un romantique génial

L’année Chopin offre l’occasion de mieux connaître Chopin. Des petits livres de grande qualité y contribuent. Jean-Jacques Eigeldinger, Frédéric Chopin, Fayard, 166 p. «… le pianiste, le compositeur, l’improvisateur et le pédagogue sont autant de faces d’une individualité créatrice, unitaire et puissamment trempée». 

En quelques pages agréablement rédigées, l’auteur décrit chacun de ces aspects de la personnalité musicale de Chopin, avant de présenter les caractéristiques de ses œuvres par catégories. Pour s’imbiber de l’esprit de Chopin avant de l’écouter, on ne saurait mieux lire.

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Emmanuel Reibel, Les musiciens romantiques, Fayard, 164 p., situe Chopin dans le cadre du romantisme européen, et surtout parisien, évoqué plus haut. Chopin faisait partie de «la confrérie romantique» évoquée par Liszt.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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