La journaliste Chantal Hébert a récemment publié un remarquable ouvrage sur le rendez-vous de Stephen Harper avec le Québec, voire sur les relations Ottawa-Québec depuis 25 ans. Elle estime que Harper a réussi à établir un lien avec le Québec «parce qu’il a su dégager une zone entre son programme de droite et les aspirations autonomistes des habitants de la province la moins conservatrice du Canada». Cette percée est nettement passée par le respect des responsabilités dévolues aux provinces par la Constitution.
L’ouvrage de Chantal Hébert s’intitule French Kiss: le rendez-vous de Stephen Harper avec le Québec, une traduction d’un texte original au titre plus punchy, soit French Kiss: Stephen Harper’s Blind Date with Quebec.
Le titre se veut surtout accrocheur et ne reflète pas très bien le contenu du livre puisque l’auteure analyse les relations Ottawa-Québec sous Mulroney, Chrétien et Martin, de même que l’apport de chefs politiques tels que Lucien Bouchard, Gilles Duceppe et Jack Layton. En ce sens, French Kiss est une étude aussi astucieuse que rigoureuse du fédéralisme québécois.
Selon Chantal Hébert, la prise du pouvoir par les Conservateurs de Brian Mulroney, en 1984, a été vue par nombre de Libéraux comme un phénomène éphémère. «Dans les faits, écrit-elle, il s’agissait plutôt de la première étape d’un déclin libéral au Québec qui allait culminer aux élections fédérales de 2006, soit 22 ans plus tard, une période que l’establishment libéral fédéral s’autorisa à traverser en grande partie dans le déni.»
L’auteure ajoute que, pendant la presque totalité du règne de Jean Chrétien, bon nombre des membres de la garde rapprochée de Paul Martin étaient tenus à l’écart du dossier québécois et, par conséquence, n’avaient pas conscience de l’ampleur du déclin de leur parti dans la province de Québec.