Chanson: Ottawa versus métropoles

Michel Bénac: «Culturellement, je suis Franco-Ontarien, et ce qui m’est unique finirait par disparaître.» Photo: LaFab Musique
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Publié 13/08/2020 par Paul-Francois Sylvestre

Peut-on être artiste de la chanson et avoir du succès sans devoir s’installer à Montréal ou à Toronto? Est-ce un choix déchirant quand on vit dans une ville comme Ottawa?

Voici ce qu’en pensent la formation musicale franco-ontarienne LGS (Le Groupe Swing) et le duo bilingue Moonfruits.

«On doit choisir son camp, soit bûcher à Ottawa par solidarité, soit rêver d’une éventuelle carrière à Montréal», lance Michel Bénac de LGS. «Le networking est intéressant à Toronto, mais les retombées ne sont pas garanties», ajoute Alex Millaire de Moonfruits.

Le Groupe Swing

Fondé en 1999 par Michel Bénac, rejoint par Jean-Philippe Goulet, Le Groupe Swing se distingue par une volonté de transformer la chanson folklorique canadienne-française en y ajoutant des saveurs de musique électro-pop américaine.

Tout en se réinventant au fil des ans, il demeure fidèle à ses racines urbaines-folk.

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En vingt ans de carrière, Swing est nommé au gala de l’ADISQ dans la catégorie Album de l’année Traditionnel (2004) et aux Prix Juno pour Album francophone de l’année (2009). Entre 2001 et 2016, le groupe remporte 13 prix Trille Or, dont Groupe de l’année (2005, 2007, 2009, 2011) et Meilleure performance (2001, 2005, 2007).

Cette reconnaissance a souvent incité Michel Bénac à s’installer à Montréal, «une ville qui nous apparaît comme la poule aux œufs d’or pour tout artiste francophone». Il y a, en revanche, le risque de perdre son identité. «Culturellement, je suis Franco-Ontarien et ce qui m’est unique finirait par disparaître.»

Kaitlin Milroy et Alex Millaire: «Ce n’est pas parce qu’on vit à Toronto qu’on joue plus.» Photo: Jaden D., TinkerBox Creative Media

Moonfruits

Alex Millaire et Kaitlin Milroy, d’Ottawa, ont fondé Moonfruits, un groupe alternatif-folk bilingue. Leur premier album, Début, paraît en 2014.

L’album Ste-Quequepart (2017) a la saveur d’un court métrage mêlant chanson et conte français-anglais. Il décroche un prix Chanson SOCAN, un Stingray Rising Award, ainsi que trois nominations et un prix Trille Or 2019 en cours de route.

L’attrait vers Toronto taraude parfois le duo. «Le networking y est plus intéressant», reconnaît Alex Millaire, «mais ce n’est pas parce qu’on vit là qu’on joue plus.» Et le coût de la vie dans la Ville Reine constitue un obstacle de taille.

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Millaire souligne qu’Ottawa commence à avoir une masse critique d’artistes de la chanson à temps plein. Des tournées peuvent s’organiser si on sait comment s’y prendre. «Nous sommes un groupe autogéré qui n’a pas besoin d’un booker ou impresario. Ottawa est un gros village qu’on connaît bien et qui nous connaît bien. Ça vaut son pesant d’or.»

Faire des gros sous n’est pas tout

Selon Michel Bénac, certains artistes de l’Ontario français se sont installés à Montréal par souci carriériste. En retour, ils ont perdu une part de leur identité.

«J’en connais un dont les enfants n’ont plus de racines franco-ontariennes. De plus, l’industrie québécoise n’est pas encore à l’heure de la francophonie pancanadienne», ajoute-t-il.

Quant à Alex Millaire, vivre dans un endroit près de sa famille et de la nature revêt une importance capitale. «J’aime bien pouvoir m’évader dans le Parc de la Gatineau ou le long de la rivière des Outaouais. Faire des gros sous n’est pas tout», conclut-il.

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