Chanel: «j’ai, la première, vécu de la vie du siècle»

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Publié 02/08/2011 par Paul-François Sylvestre

Créatrice, modiste et styliste française, Gabrielle Chanel (1883-1971) est célèbre pour ses créations de haute couture et de parfum. Sa maison éponyme symbolise l’élégance française. Jean Leymarie lui a consacré un superbe ouvrage en 1987; épuisé depuis longtemps, Chanel vient d’être réédité en format de luxe.

Cet ouvrage propose un éclairage original sur l’œuvre de la légendaire Mademoiselle grâce au remarquable travail de mise en perspective de son parcours créateur et du monde de l’art.

Le livre souligne nettement que Chanel a côtoyé ou aimé des personnalités aussi diverses que Picasso, Dali, Colette, Cocteau, Diaghilev, Stravinsky, Schneider et Visconti. Plusieurs œuvres d’art et photographies illustrent ce parcours d’exception.

Gabrielle Chanel n’a jamais confondu la pratique de la couture, qu’elle tenait strictement pour un métier, avec l’activité de ces artistes devenus parfois ses éducateurs. Elle a régné sur la mode et dans le monde entier aussi souverainement que Picasso sur la peinture.

Jean Leymarie note que Chanel «a traversé pleinement toute son époque en la marquant de son empreinte».

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L’auteur souligne que Mademoiselle a d’abord créé des vêtements pour elle-même. «J’ai inventé, disait-elle, le costume de sport pour moi; non parce que les autres femmes faisaient du sport, mais parce que j’en faisais. Je ne suis pas sortie parce que j’avais besoin de faire la mode, j’ai fait la mode justement parce que je sortais, parce que j’ai, la première, vécu de la vie du siècle.»

Le livre a le mérite de proposer une brève histoire de la mode et du costume, depuis l’Égypte ancienne jusqu’à l’époque contemporaine, et d’évoquer en parallèle les événements marquants de la vie de la créatrice.

On fait remarquer que c’est sous Chanel que les lignes droites et planes ont supplanté les sinuosités et les rondeurs associées à la cambrure féminine, que les tons noir et blanc l’ont emporté sur le bariolage exotique.

Côté parfum, Chanel lance Coco en 1984. Il ravive les senteurs orientales «qui chantent les transports de l’esprit et des sens»; il s’accorde aux toilettes et parures perpétrées «sous le signe de l’indémodable magicienne».

Chanel jugeait les bijoux nécessaires à la séduction, tout comme les parfums. «Entre la parure de luxe ostentatoire et le colifichet bon marché, mais vulgaire, elle a voulu créer pour une clientèle élargie le bijou de couture ou de fantaisie, devenu grâce à son exemple une branche originale et prospère de la mode.»

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La créatrice magicienne découvre la broderie, fleuron de l’art populaire russe, grâce à son idylle avec le grand-duc Dimitri, dans les années 1920.

«Sans renoncer à la pureté de sa ligne et à ses tons de base noir et brun, Chanel rehausse ses robes en crêpe de broderies multicolores, ses manteaux de velours de perles de cristal. Elle emprunte ses motifs aux textiles d’Asie et surtout au folklore russe.»

Un mot, en terminant, sur l’auteur de ce superbe album de luxe. Jean Leymarie (1919-2006) a été successivement chargé de mission au musée du Louvre, conservateur du musée de Grenoble, professeur aux universités de Genève et Lausanne, conservateur en chef du Musée national d’art moderne de Paris.

Il a publié des ouvrages sur la peinture hollandaise et française, sur l’impressionnisme et le fauvisme, ainsi que des monographies d’artistes (Corot, Picasso, Van Gogh, Balthus).

Jean Leymarie, Chanel, album illustré, Paris, Éditions de La Martinière, 2010, 260 pages, 99,95 $.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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