Cet inconscient à la source du racisme

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Près du quart des Canadiens feraient partie de «minorités visibles».
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Publié 30/09/2020 par Kathleen Couillard

Ces derniers mois, les projecteurs ont été braqués plus qu’à l’habitude sur les gestes de violence contre la communauté noire. Et une question a refait surface: si ces événements s’expliquent par la présence de stéréotypes inconscients dans la population, est-ce que l’étude de notre cerveau pourrait permettre de les mesurer, voire de les combattre?

Notre cerveau catégorise et trie une quantité importante d’informations sans même y porter attention, rappelle l’auteure Pragya Agarwal dans un article du New Scientist. Cette habileté est utile lorsque nous sommes pressés, fatigués ou distraits, mais devient problématique lorsqu’elle est basée sur de fausses informations.

Pensées inconscientes

Étudier les pensées inconscientes est toutefois difficile. Certaines personnes sont réticentes à exprimer leur opinion si elle est impopulaire. De plus, ces croyances sont parfois bien cachées dans les profondeurs du cerveau, au point où elle peuvent être présentes à l’insu de la personne.

En 1955, des chercheurs de l’Université Harvard ont mis au point le Test d’association implicite (TAI) dans le but de mesurer à quel point une personne préfère inconsciemment les membres de son groupe ethnique. Il est basé sur la rapidité à catégoriser différents concepts.

Depuis sa création, le TAI a été utilisé pour mieux comprendre l’effet des biais inconscients sur certains phénomènes sociaux. Par exemple, en 2018, une étude montrait que dans les régions des États-Unis où la population blanche a un important biais racial, les policiers ont plus fréquemment recours à la force contre les Noirs.

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D’autres facteurs

Le TAI est toutefois souvent remis en question par la communauté scientifique en raison de la variabilité de ses résultats. Selon certains experts, plusieurs facteurs peuvent en effet influencer le temps de réaction d’une personne et donc le résultat du test. Celui-ci ne prédit d’ailleurs pas avec précision si un individu aura des comportements discriminatoires.

Tout cela confirme que les biais inconscients sont difficiles à étudier. L’analyse du cerveau permet toutefois d’y arriver d’une façon détournée.

Par exemple, des scientifiques ont noté que lorsqu’on demande à quelqu’un d’imaginer le visage d’une personne n’appartenant pas à son groupe ethnique, cela active l’amygdale, une région du cerveau associée à la peur.

Changer notre inconscient?

Certaines organisations offrent à leurs employés des programmes pour modifier leurs biais inconscients. Bien qu’une amélioration temporaire soit parfois observée chez les participants, ces programmes ne provoquent toutefois pas de changements durables.

L’an dernier, un chercheur avait d’ailleurs conclu qu’aucune étude ne démontrait l’efficacité de ces interventions pour changer les comportements.

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Selon lui, éliminer les structures sociales qui encouragent les comportements discriminatoires est probablement plus productif que de tenter de changer les gens un par un. Par exemple, revoir les processus d’embauche permettrait d’éviter que les employeurs soient influencés par leurs préjugés.

Enfin, en modifiant l’environnement des jeunes enfants, il serait possible de tuer dans l’œuf certains biais inconscients. Une étude publiée en 2013 a ainsi démontré que chez les enfants exposés très tôt à une diversité de visages, les zones du cerveau associées à la peur s’activent beaucoup moins que chez ceux qui n’ont connu que des gens de leur propre groupe ethnique. Comme quoi, pour qui en aurait douté, les préjugés ne sont pas innés…

Auteur

  • Kathleen Couillard

    Journaliste à l'Agence Science-Presse, média indépendant, à but non lucratif, basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada et la seule de toute la francophonie qui s'adresse aux grands médias plutôt qu'aux entreprises.

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