Centenaire du créateur de Tintin

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Publié 15/05/2007 par Gabriel Racle

Le 22 mai 1907 naît en Belgique, à Etterbeek, dans l’agglomération de Bruxelles, Georges Remi, que ses initiales transposées phonétiquement feront connaître dans le monde entier.

Ses parents appartiennent à la classe moyenne. Les quatre années d’école primaire de l’enfant coïncident avec la Première Guerre mondiale (1914-1918), au cours de laquelle les Allemands occupent la ville. Celui-ci montre beaucoup de prédispositions pour le dessin et ses cahiers sont remplis d’aventures d’un petit garçon aux prises avec l’envahisseur allemand. Cette adéquation entre la réalité du monde et son œuvre caractérisera plus tard ses réalisations d’auteur de bandes dessinées.

Il fait ses études secondaires dans un collège catholique. Il entre dans la troupe scoute dont il illustre le journal par ses dessins, ce qui lui vaudra par la suite d’en faire paraître dans Le Boy-Scout belge, journal mensuel des scouts de Belgique. Il signe d’abord ses illustrations de ses initiales RG, qui deviendront Hergé dès 1924.

En 1925, Hergé travaille au service des abonnements du journal catholique très à droite Le Vingtième Siècle. Il continue aussi de dessiner pour le Le Boy-Scout belge et il crée sa première bande dessinée: Totor, CP (chef de patrouille) des Hannetons.

C’est, en un sens, le démarrage de la carrière d’Hergé comme auteur de bande dessinée, même si les aventures du héros Totor ne durent pas très longtemps. Mais les traits physiques de Totor semblent bien être à la base de ceux du futur Tintin et l’expérience acquise par Hergé avec ce personnage sans avenir a certainement contribué à orienter ses futures réalisations.

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En 1929, Hergé est nommé rédacteur en chef du Petit Vingtième, le supplément jeunesse du Vingtième Siècle. Il y dessine sans enthousiasme Les Aventures de Flup, Nénesse, Poussette et Cochonnet, d’après le scénario d’un rédacteur du journal. Il fait alors une découverte qui révolutionne son travail: l’utilisation, dans les bandes dessinées des États-Unis, des bulles qui permettent aux personnages de s’exprimer directement dans le dessin.

Le 10 janvier 1929, dans le numéro onze du Petit Vingtième, paraît le premier épisode de Tintin au pays des Soviets: c’est le début des aventures de Tintin et de Milou, qui parcourront le monde pendant plus de cinquante ans.

D’après Hergé, le nom de Tintin serait dû «au hasard des sonorités», mais sans doute avec un rappel de Totor, et Milou serait celui d’une tendre amie d’enfance de l’auteur. Mais les aventures de Tintin au pays des Soviets répondent à une commande du directeur du journal, l’abbé Wallez qui, politiquement très à droite, compte sur ce «reportage» pour dénoncer les méfaits du communisme et montrer aux jeunes Belges la situation en URSS.

Tous les éléments de cette histoire, parue en noir et blanc et en épisodes distincts, proviennent du livre Moscou sans voiles, d’un ancien consul de Belgique en Russie. Tintin au pays des Soviets est en quelque sorte la mise en BD de ce livre très antisoviétique.

De l’avis des commentateurs, «c’est en créant ce récit qu’Hergé a appris à faire de la BD. Tintin, au début de l’histoire, n’a pas de traits fins et a l’air d’un gros scout lourdaud, mais à la fin, il ressemble beaucoup plus au personnage que l’on connaît. D’une certaine façon, ces 138 planches ont permis à Hergé tout un apprentissage.»

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«Tintin a été pour moi une occasion de m’exprimer, de projeter hors de moi-même le désir d’aventures et de violence, de violence et de débrouillardise qu’il y a en moi», disait Hergé. Et il s’est exprimé dans ses nombreuses bandes dessinés qui marquent «sensiblement la coïncidence entre un homme et son siècle», estime Guillaume Benoit pour Evene.fr (janvier 2007).

Les tintinologues peuvent faire coïncider de nombreux titres avec des événements historiques du XXe siècle. «Tour à tour explorateur d’un monde colonisé, pourfendeur de dictateurs avides de pouvoir ou encore dévot exemplaire, Tintin vivra au rythme des mythes populaires qui sourdent tout au long du siècle.

Ainsi, c’est sans doute cette fragilité de Hergé, capable de suivre sans douter une idéologie criminelle [allusion à son comportement collaborateur et antisémite pendant la deuxième Guerre mondiale] aussi bien que de s’en émanciper à la faveur d’une rencontre personnelle, qui fait de Tintin un véritable miroir de sa perception du monde, personnage universel soumis aux mêmes inflexions qu’un homme ordinaire pris au piège par son époque, Hergé», d’ajouter Guillaume Benoit.

Bruxelles fête ce centenaire, Paris aussi au Centre Pompidou, et Québec où l’on peut voir jusqu’au 6 janvier 2008 l’exposition Au Pérou avec Tintin, au Musée de la civilisation. Cette exposition est malicieusement qualifiée de «fort tintinressante» par ses organisateurs. Elle veut faire découvrir la richesse et la diversité des civilisations précolombiennes andines, tout en rendant hommage à Hergé, notamment à ses albums Les Sept Boules de cristal et Le Temple du Soleil.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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