C’est donc durant l’un de ces étés que la vie de Tivii, a pris un autre tournant. Lors de la visite médicale sur le bateau, ce chasseur vivant avec sa femme et ses deux petites filles apprend qu’il ne quittera pas l’embarcation. Les médecins ayant diagnostiqué une tuberculose, ce dernier sera forcé de quitter ses terres, laissant derrière lui sa famille, pour gagner le Québec en bateau afin d’y être soigné.
Ce n’est qu’au bout d’un voyage de trois mois que Tivii, déraciné, arrive dans le monde des Blancs ne parlant que l’Inuktikut et pas un mot de français. À son arrivée dans la ville de Québec, il est bien entendu étonné par tout ce qu’il voit, y compris les arbres qui sont absents de son lieu d’origine, ainsi que par le comportement des personnes qui l’entourent. Il doit à présent non seulement faire face à la maladie comme les autres patients de l’hôpital, mais supporter ce choc culturel tout en pensant à sa famille pour qui il s’inquiète, se demandant comment sa femme va subvenir à ses besoins ainsi qu’à ceux de ses deux filles.
Souffrant du mal du pays et de ces grands espaces où l’on trouve «tout ce qu’il faut pour vivre», pouvant difficilement supporter la froideur des relations humaines et le manque de compréhension à son égard, il commence par fuguer. Une fois retrouvé, il refuse de s’alimenter. Catégorique, le médecin de l’hôpital refuse que quelqu’un se laisse mourir dans son établisement. Il tiendra Carole, l’infirmière interprétée par Éveline Gélinas, pour responsable si Tivii s’entête à refuser de s’alimenter.
Cette dernière sera, à partir de ce moment là, obligée de redoubler d’efforts pour rendre à Tivii son envie de lutter contre la maladie. Elle parviendra, avec l’aide d’un jeune Inuit orphelin également atteint de tuberculose qu’elle a fait venir d’un autre hôpital, à mieux comprendre Tivii et sa culture puisque le jeune Kaki, interprété par Paul-André Brasseur, parle le français et lui servira de traducteur.
Malgré un thème aussi intéressant que celui des relations interculturelles et du manque de compréhension qui en découle parfois, le film peut être critiqué pour son rythme lent qui ennuiera probablement certains spectateurs.
On peut cependant accorder à Benoît Pilon le bénéfice du doute et considérer qu’un tel rythme avait peut-être pour but de retransmettre la difficulté d’adaptation de Tivii, son désarroi ou encore l’ambiance qui règne dans l’hôpital où se déroule quasiment la totalité du film. Il s’agit bien entendu d’un drame mais davantage de touches humoristiques auraient probablement donné plus d’intensité au film.