Le bateau en bois couleur miel glisse silencieusement sur les eaux brunes du Mékong. Bas dans le ciel, les nuages forment une voûte ardoise et la lumière qui filtre vient teinter les rives d’orangé. La croisière qui m’emmène du Cambodge au Vietnam me raconte l’histoire de peuples tourmentés, de pays en pleine croissance et des mythes et légendes qui façonnent le fleuve.
De Siem Reap à Saigon, nombreuses sont les occasions de rencontrer les gens, de s’assoir avec eux le temps d’un thé, de les observer travailler dans leur atelier ou de jouer avec les enfants au bord de l’eau.
Au Cambodge, lors des excursions sur les sites d’Angkor et dans les petits villages, mes deux guides Amyl et Sim me racontent la difficulté de s’affirmer «intellectuel» aujourd’hui.
Trop d’horreur vécue durant l’époque Khmer Rouge, un traumatisme toujours palpable en ce début du XXIe siècle font que guides, professeurs, directeurs et autres «intellectuels» vivent et travaillent sous un nouveau nom, ne possèdent pas de papiers d’identité, ne peuvent voyager. «On a encore peur. On tait notre généalogie» me dira Amyl.
Pourtant, le tourisme en plein essor fait naître des guides et des conférenciers, les hôtels poussent comme des champignons et la vie économique et sociale dans les villes comme Phnom Penh et Siem Reap est revenue.