Le vote et le voile

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 18/09/2007 par François Bergeron

La Loi électorale canadienne n’oblige personne à fournir une pièce d’identité avec photo pour prouver son droit de vote.

Pour voter, la Loi exige une preuve de résidence (n’importe quel document indiquant votre adresse: votre facture d’électricité par exemple) mais pas une preuve de citoyenneté canadienne (le passeport ou l’acte provincial de naissance). Cela fait qu’une foule d’immigrants, voire de touristes, qui n’ont pas la citoyenneté canadienne peuvent voter lors de nos élections fédérales, provinciales et municipales.

Très peu le font, bien sûr: il n’y a que les politiciens pour s’imaginer que tous rêvent du jour où ils déposeront leur vote dans l’urne!

Le maire de Toronto, David Miller, soutient l’idée que les immigrants reçus puissent voter avant d’avoir obtenu la citoyenneté canadienne. C’est de la pure démagogie: la citoyenneté canadienne est déjà trop facile à obtenir, et les immigrants eux-mêmes ont bien d’autres priorités, comme apprendre les langues du pays, trouver du travail, s’intégrer à notre mode de vie, etc.

Généralement, on ne vous demande aucune pièce d’identité si vous présentez le carton indiquant l’adresse de votre bureau de vote qui vous a été envoyé à la maison. Pendant des années, jusqu’à ce que je le fasse remarquer moi-même aux scrutateurs, mon nom a été méconnaissable sur les listes électorales et sur ce fameux carton passe-partout, ce qui ne m’a jamais empêché de voter sous ce nom fictif.

Publicité

Votre visage n’a aucune importance ici: vous pouvez porter le voile, un masque, des bandages, une fausse (ou une vraie) moustache…

Le débat sur le vote des femmes musulmanes au visage voilé est donc sans issue tant que la Loi n’est pas modifiée de façon à exiger une véritable preuve d’identité et, ce qui serait encore plus important, une preuve de citoyenneté.

Cette affaire est d’autant plus surréaliste que, dans leur pays d’origine, les femmes voilées n’ont pas le droit de vote! Pourquoi souhaiteraient-elle voter chez nous? Et si elle s’émancipent au Canada (ce qu’on leur souhaite de tout coeur), pourquoi porteraient-elles encore ce symbole terrible de barbarie et d’obscurantisme?

On indique parfois sous une photo de journal ou à la télé montrant une femme voilée qu’on voit ici Mme Chose ou l’épouse d’Untel… Comment le sait-on? Les journalistes ont-ils reconnu ses yeux?

La Loi électorale a été modifiée au printemps dernier mais, apparemment, nos législateurs ont bâclé leur travail. Le Premier ministre Stephen Harper, qui a lancé ce débat en critiquant l’opinion du directeur général des élections du Canada, Marc Mayrand, à l’effet que les musulmanes voilées puissent voter, comprend mieux la grogne populaire envers cette manifestation d’incompétence que sa propre responsabilité dans cette situation.

Publicité

Car les Canadiens ont raison d’exiger que le droit de vote soit réservé aux vrais Canadiens et que l’identité des électeurs puissent être vérifiée correctement. Cela relève du gros bon sens et cela ne viole aucune liberté fondamentale: il devrait être interdit d’être masqué, déguisé ou voilé dans un bureau de vote, à la douane ou derrière un comptoir gouvernemental, de même que sur sa photo de passeport ou de permis de conduire.

Et à la banque? À l’école ou à l’université? Dans une boutique? Les institutions privées devraient pouvoir adopter leur propre règlementation là-dessus.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur