Le quai de Port-au-Persil, une construction humaine qui mange l’étendue marine et qui, peu à peu, se fait dévorer par le temps. Le lieu a séduit l’artiste peintre Catherine Young Bates qui y a vu, au-delà d’un paysage traditionnel somptueux, une source d’inspiration universelle. Sa réalisation picturale en série nous plonge dans une réflexion sur les massacres du temps et les destructions contemporaines.
Les quelque 25 oeuvres exposées dans la Roberts Gallery reprennent presque toutes le quai de Port-au-Persil, petit village typique du Québec. Au fil des saisons et au gré des journées, l’artiste a couché ses impressions sur la toile.
«Quand je suis allée voir le quai de Port-au-Persil en avril dernier, j’ai été intéressée par la façon dont les éléments s’imbriquaient», explique Catherine Young Bates.
Source d’inspiration, le quai est très vite devenu un univers plus vaste invitant à la méditation et proposant une vision nouvelle de la destruction. Réduit en ruines, le quai n’est aujourd’hui qu’un amas de bois et de roches dont l’unique utilité reste le charme qu’il incombe au village. «Dans un premier temps, souligne l’artiste, j’ai dessiné puis peint le quai. J’avais l’impression de le reconstruire avec la peinture. Et puis, ensuite, le sujet est devenu symbolique et s’est avéré être un écho aux drames de la Nouvelle-Orléans ou de Bagdad.»
Voir l’invisible, toucher et percevoir l’impalpable, voici les objectifs que Catherine Young Bates s’est fixée à travers sa peinture. «Les images sont toujours les mêmes à la télé, seules les causes sont différentes. Je ne veux pas peindre ces événements car ce serait trop politique. Je préfère le sous-entendre à travers mes peintures.»