Catherine Young Bates: le quai de la destruction

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Publié 03/10/2006 par Aurélie Lebelle

Le quai de Port-au-Persil, une construction humaine qui mange l’étendue marine et qui, peu à peu, se fait dévorer par le temps. Le lieu a séduit l’artiste peintre Catherine Young Bates qui y a vu, au-delà d’un paysage traditionnel somptueux, une source d’inspiration universelle. Sa réalisation picturale en série nous plonge dans une réflexion sur les massacres du temps et les destructions contemporaines.

Les quelque 25 oeuvres exposées dans la Roberts Gallery reprennent presque toutes le quai de Port-au-Persil, petit village typique du Québec. Au fil des saisons et au gré des journées, l’artiste a couché ses impressions sur la toile.

«Quand je suis allée voir le quai de Port-au-Persil en avril dernier, j’ai été intéressée par la façon dont les éléments s’imbriquaient», explique Catherine Young Bates.

Source d’inspiration, le quai est très vite devenu un univers plus vaste invitant à la méditation et proposant une vision nouvelle de la destruction. Réduit en ruines, le quai n’est aujourd’hui qu’un amas de bois et de roches dont l’unique utilité reste le charme qu’il incombe au village. «Dans un premier temps, souligne l’artiste, j’ai dessiné puis peint le quai. J’avais l’impression de le reconstruire avec la peinture. Et puis, ensuite, le sujet est devenu symbolique et s’est avéré être un écho aux drames de la Nouvelle-Orléans ou de Bagdad.»

Voir l’invisible, toucher et percevoir l’impalpable, voici les objectifs que Catherine Young Bates s’est fixée à travers sa peinture. «Les images sont toujours les mêmes à la télé, seules les causes sont différentes. Je ne veux pas peindre ces événements car ce serait trop politique. Je préfère le sous-entendre à travers mes peintures.»

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Le pinceau, canne blanche du peintre, l’oriente vers le message à transmettre à travers son œuvre. «Il y a toujours deux niveaux dans ces toiles, précise l’artiste. Il y a ce qu’elles représentent, en l’occurrence le quai, et la forme abstraite, le message, qui se traduisent par les couleurs et les formes.»

Très vite, Catherine Young Bates invite le regard d’autrui à observer minutieusement le travail des lignes, des formes et des couleurs. Tantôt ondulantes ou cassées, les formes sculptent l’expression de l’instant tandis que les couleurs achèvent de la dessiner. «Les hommes ont tué l’océan», murmure-t-elle en regardant le rouge sang de l’eau de l’une de ses toiles. Les perspectives, qui convergent souvent vers le soleil, procurent une lueur d’espoir à une oeuvre qui souligne pourtant les destructions du monde contemporain.

Par ses multiples tableaux sur le quai, Catherine Young Bates a exploré un monde inconnu où le détail se meut avec l’universel. «Ce qui est merveilleux lorsque tu es artiste c’est que tu explores des univers et que tu trouves quelque chose de nouveau.»

Les 25 toiles de la série «Quai» seront exposées à la Roberts Gallery, 641 rue Yonge, du 28 septembre au 14 octobre. tél: 416-924-8731

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