Carlos Idibouo: militant LGBTQ, réfugié, Franco-Torontois

Son portrait et son récit inclus dans l'exposition Am I Wrong To Love? au Daniels Spectrum

Photo de Carlos Idibouo devant son portrait
L'exposition Am I Wrong To Love? est au Daniels Spectrum jusqu'au 31 juillet.
Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 29/07/2019 par Edward Roué

Carlos Idibouo est une personne dont l’identité ne se conforme à aucun genre. Pour dépasser la dichotomie homme-femme, Carlos utilise le pronom non-binaire et pluriel «iels».

Iels sont donc un militant LGBTQ à Toronto, et son portrait est exposé au Daniels Spectrum depuis le 10 mai et jusqu’au 31 juillet, dans le cadre de l’exposition Am I Wrong To Love?, présenté par l’organisme JAYU.

JAYU est un organisme qui cherche à éduquer le public sur les droits de la personne à travers l’art. Les jeunes défavorisés de leur programme iAM ont photographié des réfugiés LGBTQ, dont les portraits et les récits composent l’exposition.

FrancoQueer a été un des organismes contactés par JAYU pour recruter des réfugiés. Le président de FrancoQueer, Arnaud Baudry, a fait suivre le message à ses membres, parmi lesquels six se sont portés bénévoles. Carlos Idibouo, réfugié ivoirien, était de ce nombre.

Photo de Carlos Idibouo devant les portraits des autres réfugiés LGBTQ+
L’exposition inclut 20 réfugiés au total, dont 6 ont été recrutés à travers FrancoQueer

Un «oasis de paix»?

Félix Houphouët-Boigny, le premier président de la Côte d’Ivoire, appelait son pays un «oasis de paix». «Il y a beaucoup de personnes dans la sous-région qui viennent se réfugier en Côte d’Ivoire parce que, dans leur pays, ce n’est pas aussi sécuritaire», raconte Carlos.

Publicité

Mais iels ont découvert que son pays n’est pas toujours une «oasis de paix» pour les individus LGBTQ.

Iels ont fondé Arc-en-ciel plus, un des premiers groupes de défense des droits de la communauté LGBTQ en Afrique francophone.

Le groupe a alors lutté pour l’inclusion des MSM (les hommes qui couchent avec les hommes) dans le plan d’action national contre le VIH/sida, et ils l’ont obtenu. «C’était une grosse victoire, non seulement pour la Côte d’Ivoire, mais aussi pour toute l’Afrique de l’Ouest», raconte Carlos.

Mais cette lutte à valu à Carlos la haine de la presse homophobe. Sa photo est apparue à la une du journal Mousso d’Afrique, qui l’a alors exposé, ainsi que ses collègues.

«C’est là que je me suis rendu compte que la Côte d’Ivoire n’était pas aussi sécuritaire que ça», expliquent-iels. Iels avaient alors peur de se faire assassiner dans la rue.

Publicité
Photo de Carlos Idibouo qui parle devant son portrait
Carlos a fait d’importants gains pour la communauté LGBTQ ivoirienne, mais la réaction homophobe l’a fait craindre pour sa sécurité

«C’était pour nous comme une maison»

En août 2006, Carlos s’est retrouvé à Toronto pour une conférence sur le VIH. Pendant son passage, iels ont rencontré un homme curieux qui s’intéressait à son histoire. Après l’avoir écouté, cet homme l’a posé une question bien simple: voulaient-iels rester ici?

Iels étaient sceptiques au début, mais avec l’aide de cet homme et son avocat il a fini par s’établir à Toronto et a obtenu son statut de réfugié en novembre 2008.

Carlos est resté actif dans la cause LGBTQ, et c’est ainsi qu’iels ont découvert FrancoQueer. «C’était pour nous comme une maison», racontent-iels. Iels sont devenus membre du conseil d’administration de l’organisme. Lors d’une restructuration de FrancoQueer, iels ont aidé à établir le Carrefour des Immigrants avec l’appui financier de la province.

Carlos se sent bien plus en sécurité au Canada qu’en Côte d’Ivoire. Néanmoins, iels croient que ce pays peut toujours faire mieux en matière de lutte contre l’homophobie, la transphobie et le racisme. «Comparé à ce qui se fait ailleurs, le Canada est très avancé», disent-iels. «Mais de façon plus spécifique, quand on revient à l’interne, il a énormément de travail à faire.»

Auteur

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur