Caramel: cinq délicieuses Libanaises dans un Beyrouth engluant

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Publié 26/02/2008 par Ulysse Gry

Caramel, comédie dramatique franco-libanaise qui a fait le tour du monde, présentée aux festivals de Cannes et de Toronto, sera en salle vendredi 22 février au Cumberland. On y savoure le quotidien des quartiers de Beyrouth à travers les vies ordinaires de cinq femmes tourmentées.

Neuf jours après la fin du tournage de Caramel en 2006 à Beyrouth, la guerre éclatait et ravageait une nouvelle fois le pays.

La tonalité du film, intimiste, parfois drôle, souvent émouvante et toujours juste, contraste complètement avec le ton des canons qui quelques instants après le clap de fin, on l’imagine devant l’écran noir du générique, assombrit et embrasa le Liban.

Sachant cela, le magnifique film de Nadine Labaki prend une autre dimension, celle de témoin de la vie quotidienne d’une ville où se brassent les gens, les générations, les cultures et les sentiments. S’y entrechoquent naturellement les religions comme s’y croisent les regards, simplement, avec complicité, rires et passions.

Loin de toute considération politique, on est au plus proche des femmes et des hommes qui font battre le cœur de Beyrouth, au niveau de la rue qu’on entend vrombir et s’animer.

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On pénètre dans cette ambiance de quartier par la petite porte d’un salon de beauté, où cinq femmes nous font découvrir les charmes mais aussi les contradictions d’une société qui se cherche, entre tradition et modernité, entre éclat de joie et drames murmurés.

Car si ce délicieux caramel est sucré et lumineux, il sert aussi à épiler avec douleur les femmes beyrouthines, qui se plient avec grâce aux sombres reflets de cette pâte collante qui les englue dans certaines servitudes.

Layale est une généreuse et superbe jeune femme qui souffre intensément de sa relation sans issue avec un homme marié, quand Rose, elle, s’occupe depuis 60 ans de sa vieille sœur qui ne lui laisse pas le temps de rencontrer un homme.

Nisrine est une radieuse musulmane aux portes du mariage qui s’angoisse de l’immense problème de n’être plus vierge, quand Jamale est une actrice de publicité qui ne peut se permettre de vieillir. Rima est enfin tourmentée par son homosexualité qu’elle ne pourrait dévoiler.

La lumière dorée de la pellicule (de Serge Sehnaoui) éclaire les moindres recoins de Beyrouth, et le film nous montre le fascinant mélange de couleurs de la société libanaise, de ses teintes vives et chaudes jusqu’à ses quelques touches obscures.

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Le film sonne donc juste et vrai, peut-être aussi parce qu’à part la réalisatrice, qui joue le personnage principal Layale, il n’y a aucune actrice de métier.

On pourra toujours regretter un certain manque de vivacité, on se laisse emporter par l’intimité et la douceur de ce caramel, qui nous colle plaisamment en bouche de longues heures après y avoir succombé.

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