Cannes 2017: 70 printemps

Aucun long-métrage canadien cette année

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Publié 15/05/2017 par Jacqueline Brodie

Battez tambours, sonnez trompettes et clairons!

Contre vents et marées, toujours sous le régime de l’état d’urgence, coiffée d’un président tout neuf, débutant dans son premier rôle sur la scène nationale, la douce France célèbre du 17 au 28 mai le 70e anniversaire de son glorieux Festival du Film.

Signatures

En lice pour la récompense suprême, la précieuse Palme d’Or : 19 longs métrages. Parmi leurs auteurs, grands noms et revenants, treize habitués au total. En tête, très attendu, l’Autrichien Michael Haneke, deux fois lauréat de la Palme d’Or pour des œuvres remarquables, Le Ruban blanc (2009) et Amour (2012), concourt cette année avec Happy End.

Quatre Français:

Michel Hazanavicius, réalisateur du célébrissime The Artist (Prix d’interprétation masculine en 2011 et auréolé, entre autres lauriers, de cinq Oscars) revient avec Le Redoutable.

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Jacques Doillon, auteur de l’inoubliable Ponette, lui aussi en terrain connu, est de retour avec Rodin. Sa première participation remonte à 1979 alors qu’il présentait La Drôlesse, sa dernière à 1984 pour La Pirate.

Retour aussi de François Ozon avec L’Amant double. Il concourait en 2003 avec Swimming Pool, mettant en vedette sa muse d’alors, l’exquise Charlotte Rampling. On le retrouvera dans la course dix ans plus tard avec Jeune et jolie.

Quant à Robin Campillo, bien qu’il en soit à sa première invitation en tant que réalisateur avec 120 battements de cœur, la course pour la récompense suprême lui est cependant familière. Auteur du scénario de l’admirable film de Laurent Cantet Entre les murs, Palme d’Or 2008, il fut de ce fait, intimement associé à sa victoire.

D’un continent à l’autre

Habilement composé, admirablement diplomatique, l’éclectique panorama de la compétition officielle couvre à la fois l’Europe, l’Asie et l’Amérique du Nord… États-Unis seulement! Car le Canada, hélas!, est absent cette année du club des heureux élus.

Que se passe-t-il? Nos têtes d’affiche sont occupées ailleurs, tout simplement.

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Denis Villeneuve est en post-production de Blade Runner 2049, Jean-Marc Vallée est occupé en télévision, Atom Egoyan et David Cronenberg diversifient leurs créations, entre autres dans le mentorat, la littérature et l’expérimentation.

Quant à notre hyper-talentueux Xavier Dolan – 28 ans, 6 longs métrages dont deux primés à Cannes, membre du jury en 2015 aux côtés des illustres frères Coen – il tourne actuellement son 7e film, The Death and Life of John F. Donovan. Patience… la relève viendra.

Place aux femmes

Elles sont trois à concourir pour la Palme d’Or, mince présence féminine dans le très masculin club de la compétition officielle.

Terrain familier pour chacune d’elles cependant. Seconde participation de l’Américaine Sofia Coppola, fille du père du mythique Le Parrain (Francis Ford Coppola), elle présente The Beguiled . C’est avec un Marie-Antoinette (2006), très contesté qu’elle fit ses débuts en compétition officielle.

Pour la Japonaise Naomi Kawase dont l’œuvre singulière illustrant la fragilité de l’homme face à la puissance de la nature, a conquis sélectionneurs et cinéphiles, concourir à Cannes est presque une routine. Dès 1997, elle remporte la Caméra d’Or, prix attribué au meilleur premier long métrage présenté au Festival, toutes sections comprises.

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Rappelons qu’en 2001, le récipiendaire de ce prix très convoité fut notre compatriote, le réalisateur inuit Zacharias Kunuk, pour son sublime Atanarjuat – The Fast Runner.

Lauréate du Grand Prix avec The Mourning Forest en 2007, Naomi Kawase continua son ascension cannoise. Ce sera Hanezu en 2011. En 2013, elle est membre du jury de la compétition officielle et concourt avec Still The Water l’année suivante. La désormais célèbre réalisatrice nous présente cette année Hikari (Vers la lumière).

Deuxième course à la Palme d’Or pour l’Écossaise Lynne Ramsay. Les festivaliers n’ont pas oublié son We Need to Talk About Kevin en compétition en 2011. Un film profondément horrifique: plongée dans l’enfer d’une mère affligée d’un enfant monstrueux de duplicité. Une œuvre puissante dont on ne sort pas indemne.

Lynne Ramsay fit son entrée au Festival en 1999, dans la section parallèle Un Certain Regard avec son premier long métrage, Ratcatcher. En 2013, elle faisait partie du jury de la compétition officielle en compagnie de Naomi Kawase. Elle nous présente cette année You Were Never Really Here.

Nos voisins américains

Ils sont trois nouveaux en lice pour la Palme d’Or: la fratrie des jeunes indépendants new-yorkais Benny et Josh Safdi avec Good Time et Noah Baumbach, lui aussi cinéaste indépendant, avec The Meyerowitz Stories (New and Selected).  Tous les trois ont déjà été programmés au TIFF.

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Pour un autre concurrent USA, Todd Haynes, c’est un retour. Une première participation en 1998 avec Goldmine lui vaudra le Prix du jury. On ne le retrouvera en compétition que 17 ans plus tard, en 2015 avec Carol, superbe et tragique histoire d’un amour défendu. Il revient cette année avec Wonderstruck.

Et d’ailleurs…

Solide présence de l’Europe de l’Est dans cette sélection:

Le Russe Andrey Zvyagintsev, très remarqué en 2014 avec son Leviathan, impitoyable portrait d’une société corrompue sans morale ni pitié, qui lui valut le Prix du scénario, est de retour avec Nelyubov (l’Aversion).

L’Ukrainien Sergei Loznitsa revient en compétition pour la troisième fois avec A Gentle Creature (Une femme douce).

De même que le Hongrois Kornél Mundruczo, Prix de la section parallèle Un Certain Regard en 2014 pour White God, spectaculaire métaphore sur la révolte des chiens indésirables. Il présente cette année Jupiter’s Moon.

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De l’Allemagne, après The Edge of Heaven, Prix du scénario 2007, on retrouve le réalisateur germano-turc Fatih Akin en compétition avec Aus Dem Nichts.

Lauréat lui aussi du Prix Un Certain Regard en 2014 pour Force majeure, le Suédois Ruben Ostlund fait ses débuts en compétition officielle avec The Square, son premier film en langue anglaise.

Particulièrement appréciée des festivals depuis une quinzaine d’années, la nouvelle vague de la Corée du Sud continue sa conquête de la Croisette. Dans la foulée de Park Chan-wook, maître du film de genre ≠ humour cruel et saisissantes images – lauréat du Grand Prix for Old Boy en 2004 et du Prix du Jury en 2009 pour les vampires assoiffés de Thirst, ceci est mon sang, deux nouveaux prétendants à la Palme d’Or sont sélectionnés: Bong Joon-Hoo qui présente Okja et Hong Sangsoo, Prix Un Certain Regard pour HaHaHa (2010) en compétition avec Geu-Hu.

Cinéphiles qui avez aimé The Lobster du Grec Yorgos Lanthimos, lauréat du Prix du scénario en 2015, pour sa délirante, absurde et cauchemardesque métaphore d’un monde soumis au diktat du conformisme, réjouissez-vous: le talentueux et inventif réalisateur est de retour. Fidèle au règne animal, il est passé du crustacé au cervidé avec The Killing of the Sacred Deer (Mise à mort du cerf sacré).

Miniatures

Aucun long métrage canadien en compétition, soit… Par contre, quatre courts sont en sélection dans diverses sections parallèles:

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À la Semaine de la critique, Tesla : lumière mondiale, une animation de 8 minutes signée Matthew Rankin, production de l’Office national du film du Canada.

À la Quinzaine des réalisateurs, retour des Saguenéens Jean-Marc E. Roy et Philippe David Gagné avec Crème de menthe, après y avoir présenté Bleu Tonnerre en 2015.

La section Cannes Classics, créée afin de faire revivre les joyaux des sélections passées, présente deux productions de l’ONF : Pas de deux, le chef-d’œuvre de Norman McLaren (1968), et When the Day Breaks, animation de Amanda Forbis et Wendy Tilby, Palme d’Or des courts métrages en 1999.

Autant de miniatures à découvrir et à revoir. À suivre…


À lire aussi: le second des deux articles de notre correspondante: L’étrange 70e anniversaire du Festival de Cannes

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