Camélia Jordana : «J’ai eu besoin de témoigner»

Camélia Jordana, talentueuse chanteuse française, s’est produite récemment sur les planches du Great Hall, dans le cadre de la Canadian Music Week. Une performance intimiste partagée avec le public torontois. La chanteuse a pu interpréter son dernier album, Lost, et ça détonne.

Un concert hors norme

La prestation de Camélia Jordana a su conquérir le public torontois, accompagnée de ses musiciens et de deux choristes. Le public a été transporté dans l’univers de la chanteuse.

Des chansons douces ou d’autres plus entraînantes interprétées tant en français, en anglais ou même en arabe, le tout conclu par une prestation a capella.

Une prestation acclamée donc pour l’interprète de Gangster, alors même qu’elle effectuait ses premiers pas sur la scène canadienne: «J’ai pu chanter mon répertoire ici pour la première fois», confie-t-elle.

Lost, la quête de nouveaux repères

Camélia Jordana a chanté les titres de son dernier album – Lost – paru en septembre 2018. Une production qui tranche grandement avec ses deux albums précédents.

«Cet album vient d’une espèce de sentiment général que j’éprouvais lorsque j’ai commencé à écrire l’album, il y a 4 ans. Tout cela renvoie à un manque de repères politiques, identitaires, et autres. Parallèlement, je me suis retrouvée face à l’image que je renvoyais à l’Autre et ce dans des conditions géopolitiques et des événements compliqués [comme les attentats de Paris en 2015, ndlr]. Tout cela a fait que je me suis sentie complètement paumée.»

Ces événements ont influencé le travail d’écriture. Son nouvel album touche de nombreuses problématiques, il dévoile sa volonté de s’exprimer davantage vis-à-vis du monde qui l’entoure.

Un album involontairement engagé

Dans son album, elle aborde un large panel de thème: droits des femmes ou encore violences faites à l’encontre de minorités

«Je crois qu’assez vite le besoin de m’exprimer sur des sujets qui me bouleversent s’est imposé à moi. Ce n’est pas franchement un choix, c’est surtout qu’au fur et à mesure je me suis rendu compte que tous les textes que j’écrivais et les thèmes que j’abordais se retrouvaient à être pris sous un certain angle.»

Un album qui se dresse face à une génération d’artistes trop frileux selon elle: «Trop de constats sont faits aujourd’hui, trop peu sont les artistes à prendre un angle autre. Cela me fâche un peu: il faut constater, mais savoir se positionner aussi.»

Talent double

En plus d’être chanteuse, Camélia Jordana est actrice. L’obtention du César du meilleur espoir féminin en 2018, pour le film français Le Brio, réalisé par Yvan Attal, marque sa consécration. Une passion pour le cinéma aussi vivace que pour la musique.

«J’ai toujours eu ce grand désir d’être comédienne et chanteuse. La musique est rentrée dans ma vie [la chanteuse a été révélée par l’émission de télévision La Nouvelle Star en 2009, ndlr], je suis devenue chanteuse de manière professionnelle. Je me suis donc dit, si les rêves se réalisent, j’en ai encore un sur la liste: être comédienne», raconte-t-elle.

Et c’est chose faite. Une artiste accomplie à suivre de près.