Bons baisers de Morón

Par une brûlante après-midi printanière, on se balade à pieds à travers Morón, petite ville cubaine typique, située dans la province de Ciego de Ávila, au centre de Cuba, à proximité des îles touristiques de Cayo Coco et Cayo Guillermo.

La côte nord de Cuba est composée d’îles qui se sont développées grâce au tourisme florissant des 20 dernières années dont tout particulièrement Cayo Coco. Le terme cayo signifie îlot. Le terme coco réfère à la multitude d’oiseaux tropicaux peuplant les îlots, notamment les colibris.

Les cayos sont reliés à la grande île de Cuba par une digue dans la mer de plus de 17 km. Les paysages marins dotés d’une abondante faune ailée me rappellent les marais pittoresques de la Camargue et leurs flamands roses.

Recul dans le temps

Déambulant au centre-ville de Morón, on éprouve l’étrange sensation de régresser dans le temps. La plupart des bâtiments de style colonial ont été construits à l’orée du 20^e siècle dont plusieurs sont désaffectés, tandis que la population locale roule en calèche ou en véhicule mythique des années 1950. Une certaine pauvreté défile.

La gare de Morón (1924) m’a particulièrement fascinée. Les Cubains y arrivent entassés à l’intérieur d’un autobus muni de minuscules fenêtres; on dirait un véhicule de la Première Guerre transportant des prisonniers…

La banlieue de Morón abrite la majorité du personnel œuvrant dans les hôtels de Cayo Coco et Cayo Guillermo. Ces gens vivent dans des logis appartenant à l’État; ils sont transportés par bus au quotidien par le ministère du Tourisme vers les nombreux complexes hôteliers des cayos.

Sous la mangrove

Les alentours de Morón proposent plusieurs découvertes inédites dont l’excursion en bateau sur le canal du Laguna La Redonda. C’est une randonnée au cœur d’un décor luxuriant sous le toit naturel de la mangrove environnante. D’immenses termitières sont au rendez-vous.

On peut aussi visiter une impressionnante ferme de crocodiles fondée en 1995 où l’on élève et reproduit les crocodilidés sans aucun autre but que de les préserver.

Le centre de la province se consacre principalement à l’élevage de vaches et taureaux. Après avoir traversé la route sur digue, on croise la petite collectivité d’El Pueblo Holandés: un hameau de style néerlandais abritant une cinquantaine d’éleveurs de bétail.

Pour aller de Morón à la capitale Ciego de Ávila, on doit parcourir environ 40 km vers le sud à travers de vastes champs de canne à sucre. On m’a décrit Ciego de Ávila comme une cité absolument charmante, nantie de bâtiments roses, bleus et violets sous un ciel éternellement azuré.

Cayo Coco

Les fans de la mer des Caraïbes et des plages paradisiaques préféreront peut-être rester à Cayo Coco. Toutefois Morón offre l’option unique d’être hébergé chez l’habitant dans ce qu’on appelle une casa particular, genre Bed & Breakfast, comme la casa particular Carmen, dédiée à ceux qui désirent vivre une immersion en pleine culture cubaine.

De ce premier séjour à Cuba, je retiens les images d’un pays de caractère serti de fortes influences d’Afrique, d’Espagne et des Amériques, reflets persistants de l’histoire cubaine évoluant au gré d’une levée progressive de l’embargo américain… Fenêtre sur un restant communiste qui paraît à la fois résister et s’ouvrir au 21^e siècle…

Coup de cœur à l’horizon…