Blog ou blogue?

blogue
Avec la popularité sans cesse croissante des blogues, il devient nécessaire de s’intéresser aux aspects linguistiques de ce phénomène du web.
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Publié 28/11/2006 par Martin Francoeur

Il fallait bien que j’aborde le sujet un jour ou l’autre. Avec la popularité sans cesse croissante des blogues, il devient nécessaire de s’intéresser aux aspects linguistiques de ce phénomène du web.

D’abord une mise en contexte, histoire de s’assurer que tout le monde sait de quoi ont parle. Les blogues sont définis par l’Office québécois de la langue française comme étant des sites web évolutifs, ayant la forme d’un journal personnel, daté, au contenu antéchronologique et régulièrement mis à jour, où l’internaute peut communiquer ses idées et ses impressions sur une multitude de sujets, en y publiant, à sa guise, des textes informatifs ou intimistes, généralement courts, parfois enrichis d’hyperliens, qui appellent les commentaires du lecteur.

Liberté éditoriale

C’est un peu longuet comme définition, mais ça fait le travail. Beaucoup de chroniqueurs, d’artistes, de politiciens, de personnalités connues ont leur propre blogue. On trouve aussi des spécialistes dans différents domaines: automobile, vins, décoration, voyages, etc. Ou encore, tout simplement, des internautes qui ont des trucs à dire.

Le blogue se caractérise par sa facilité de publication, sa grande liberté éditoriale et sa capacité d’interaction avec le lectorat.

Blogue en français, blog en anglais

L’Office québécois de la langue française a proposé le terme «blogue» en 2000. Il s’agit d’une forme francisée de «blog», qui imite en quelque sorte la forme de «bogue». Le terme vise à remplacer les mots anglais «weblog» et «blog». Depuis qu’il est accepté, le terme «blogue» a permis, nous dit l’OQLF, la création de plusieurs dérivés, dont «bloguer», «blogueur» et «blogage».

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Il y a bien eu d’autres propositions pour désigner un blogue. La plupart d’entre elles n’ont pas été retenues parce qu’elles venaient inutilement concurrencer la forme «blogue».

On trouve par exemple «weblogue», «carnet Web», «cybercarnet», «journal Web» ou «webjournal». Dans le cas de ces deux derniers termes, on les utilise pour désigner un tout autre concept: celui d’un journal publié sur le Web par une organisation.

On a aussi tenté d’introduire le mot-valise «joueb», qui est une contraction de «journal» et de «Web», ou encore «jourel», un mot-valise formé de «journal» et d’«électronique».

Un blogue n’est pas un bloc-notes

Du côté de nos cousins français, on a préféré les termes «bloc-notes» et sa forme abrégée «bloc», qui ont été adoptés en 2005 par la Commission générale de terminologie et de néologie comme équivalents français de «blog».

Mais «en raison de leur manque de précision, de leur inaptitude à produire des dérivés adéquats et d’une concurrence inutile avec le terme blogue, déjà utilisé par un grand nombre de francophones, ces deux termes n’ont pas été retenus pour désigner le présent concept», nous dit l’Office québécois de la langue française.

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Le fait que «bloc-notes» ou «ordinateur bloc-notes» soit déjà utilisé en français pour désigner un ordinateur portable, qu’on appelle «laptop computer» ou «notebook» en anglais, a aussi joué contre l’emploi de ce mot pour parler d’un «blogue».

La blogosphère

Enfin, parmi les plus beaux dérivés du mot «blogue», on retrouve la «blogosphère». Ce terme est déjà employé par plusieurs grands journaux. Mais il n’est pas encore admise dans les dictionnaires.

La «blogosphère» est en fait la sphère des blogues, le monde des blogs. De nombreux internautes sont devenus des voyageurs de la blogosphère… Et, par le fait même, des contributeurs à de nombreux blogues.

Le monde des médias se pose d’ailleurs beaucoup de questions, actuellement, sur le phénomène des blogues. Certains auteurs de blogues réclament le statut de journaliste, comparant leur place sur le web à un média d’opinion. Le débat est lancé…

Auteur

  • Martin Francoeur

    Chroniqueur à l-express.ca sur la langue française. Éditorialiste au quotidien Le Nouvelliste de Trois-Rivières. Amateur de théâtre.

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