Black: blaxploitation à la française

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 08/09/2009 par Vincent Muller

«C’est rare de voir un noir avoir un rôle principal dans le cinéma français» soulignait récemment, lors d’une interview, le rappeur MC Jean Gab’1, choisi par Pierre Laffargue comme personnage principal pour son film Black, sorti sur les écrans français le 15 juillet dernier. Ce film d’action tourné à Paris et Dakar est en salle pendant encore quelques jours au cinéma AMC au Dundas Square.

Non seulement le rôle principal est tenu par un noir mais la plupart des autres rôles le sont également, chose relativement rare dans le paysage cinématographique français.

En effet, le réalisateur Pierre Laffargue, pour qui il s’agit du premier long-métrage pour le grand écran, s’est inspiré d’un courant culturel et social du cinéma américain des années 1970, le blaxploitation, contraction des mots «black» et «exploitation», un film d’exploitation étant un genre de film fait avec peu d’attention à la qualité ou au mérite artistique, dans la perspective d’un bénéfice rapide.

C’est suite à la constatation que les rôles tenus par des noirs à l’écran étaient des rôles de second plan, souvent basés sur des stéréotypes, qu’est né le courant blaxploitation visant à donner plus de visibilité aux acteurs, producteurs et réalisateurs noirs.

Si ce type de cinéma n’a plus lieu d’être au États-Unis, ou la situation des acteurs, réalisateurs et producteurs noirs a bien évolué depuis les années 1970, en France il s’avère assez pertinent.

Publicité

MC Jean Gab’1 rappeur français d’origine camerounaise a été recruté par Pierre Laffargue pour incarner le rôle de Black, un braqueur français d’origine sénégalaise. Comme le personnage qu’il incarne, MC Jean Gab’1 n’avait jamais mis les pieds en Afrique subsaharienne avant le tournage du film et comme le personnage qu’il incarne, l’acteur principal est familier des braquages puisqu’il en a effectué quelques-uns par le passé.

Juste après avoir subi un lourd échec, et perdu ses compagnons lors d’une tentative de braquage de fourgon blindé à Paris. Black reçoit un coup de fil de son cousin Lamine, employé de banque à Dakar, qui lui annonce «un gros coup». Il tourne d’abord la nouvelle en dérision mais change vite de ton lorsque son cousin lui parle d’une mallette remplie de diamants déposée dans la banque où il travaille.

Quelques jours plus tard il débarque à Dakar accompagné de trois hommes, persuadé de réussir rapidement son coup et de vite retourner à Paris. Il n’avait bien entendu pas imaginé les mésaventures qu’allaient vivre ses compagnons, ni le fait qu’il n’était pas le seul à vouloir mettre la main sur les diamants.

Résultat de cette course aux diamants: de nombreuses scènes d’actions dans la capitale sénégalaise et une histoire le long de laquelle on se laisse agréablement transporter en compagnie de personnages caricaturaux, d’un MC Jean Gab’1 assez attachant, grâce à sa personnalité plus qu’à ses talents d’acteur, et de l’héroïne du film Pamela, incarnée par Carole Karemera, qui va accompagner le braqueur durant son aventure dakaroise.

Cette jeune actrice belge d’origine rwandaise, est probablement l’une des meilleures du casting de Pierre Laffargue qui compte, entre autres, François Levantal, Anton Yakovlev, Moustapha Gueye, un champion de lutte sénégalaise et Thierno Ndiaye Doss, comédien sénégalais que l’on a pu voir notamment dans les films «Camp Thiaroye» et «Guelwaar» d’Ousmane Sembène.

Publicité

Si l’histoire se déroule principalement à Dakar, seul un aspect de la capitale sénégalaise est mis en évidence. On y voit essentiellement de vieux bâtiments, des terrains vagues avec des constructions non terminées et des ordures, des scènes d’actions qui se déroulent dans des rues non goudronnées (dans des quartiers où en réalité ces rues le sont) et des sénégalais escrocs ou trafiquants d’armes.

Certains détails décrédibilisent le film, comme un personnage, censé être sénégalais, qui imite grossièrement l’accent sénégalais en proposant à l’un des hommes de Black de lui porter son sac. Une autre scène avec un marabout, certes inspiré de faits existants, est un peu fantaisiste.

Malgré un ou deux dialogues en wolof, quelques plans sur la place de l’Indépendance, le marché Sandaga et une scène d’action à la gare routière «pompiers», le film ne retransmet pas vraiment l’atmosphère de la ville dans laquelle il est tourné.

Concernant la musique, on regrette ne pas avoir entendu de musique sénégalaise, que ce soit du mbalax, du raggae ou du rap sénégalais qui auraient probablement mieux reflété l’ambiance dakaroise et en même temps apporté un peu plus de visibilité aux artistes locaux.

Auteur

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur