La francophonie a protesté suivant la défaite écrasante, le 25 octobre, du projet C-203 du député néo-démocrate François Choquette, visant à faire du bilinguisme des juges une condition pour la nomination à la Cour suprême. Hors Québec, seulement cinq d’une quinzaine de Libéraux ont défié le premier ministre Justin Trudeau. Le vote a aussi divisé les Néo-Démocrates. Tous les élus conservateurs hors Québec ont voté contre.
Le député québécois Romeo Saganash, par exemple, s’est absenté au moment du vote, lançant ensuite un pavé en déclarant que le bill renforçait l’exclusion de juristes autochtones. L’affaire a rebondi le 9 novembre dans Le Devoir, citant le Néo-Démocrate avec ce titre: «Ignorer les langues autochtones, c’est perpétuer le colonialisme».
L’élu abitibien soutient que l’approche du bilinguisme officiel écarte les langues autochtones. Des députés libéraux ont également fait valoir que ne sélectionner que des juges bilingues pouvaient limiter les candidatures de juristes autochtones…
«Avec ce projet de loi», a déclaré M. Saganash, «on ne parle que de l’anglais et du français. Pourquoi ne parle-t-on pas des langues autochtones qui existent depuis 5000, 7000, 10 000 ans? Il faut repenser notre État en fonction du fait que ce ne sont pas juste des Anglais et des Français qui vivent ici.»
L’article coïncidait avec une lettre signée par neuf universitaires du milieu minoritaire déplorant l’opposition des élus francophones au projet et demandant: qui défend les langues officielles au Parlement? Ils ont pointé du doigt des opposants au projet comme Randy Boissonnault, Serge Cormier, Pat Finnigan, Dominic LeBlanc, Ginette Petitpas-Taylor et Marc Serré.