Ballon rond, planète bleue et quelques mots espagnols

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Publié 11/07/2018 par Michèle Villegas-Kerlinger

Avec la Coupe du monde qui se déroule depuis un mois et qui prend fin dimanche, tous les yeux sont tournés vers la Russie. En faisant une petite recherche, on découvre que, sur les trente équipes en tête du classement mondial des clubs de foot, un tiers est hispanique avec six clubs argentins et quatre espagnols. Les autres équipes sont réparties entre le Brésil (6), l’Angleterre (5), l’Italie (4), la France (3), l’Allemagne (1) et l’Ukraine (1).

En poussant la réflexion un peu plus loin, on peut se demander si l’espagnol, si présente dans le monde du ballon rond, est aussi présent dans la langue française.

Par exemple, combien de mots espagnols se sont glissés dans notre langue au cours des siècles? Selon l’université Laval, le total se chiffrerait à 419 mots, ce qui représente environ 0,7% de la langue française.

Ce n’est pas beaucoup comparé au latin (19,8%), au grec ancien (6,2%), à l’anglais (4,1%) ou même à l’italien (2%) et on est bien loin du 33% du monde du foot mentionné ci-haut. Toutefois, ces mots font foi d’une certaine histoire commune partagée par les Français et les Espagnols.

Donc, voici un petit défi pour vous, cher lecteur ou chère lectrice. Dans l’article qui suit, il y a 15 mots français d’origine espagnole. Sauriez-vous les repérer? Attention! Les réponses ne sont pas toujours évidentes. Si vous vous attendez à trouver des mots comme «taco», «fiesta» ou «corrida», vous risquez de chercher longtemps.

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Catastrophes naturelles

Les pires ouragans de 2017 étaient Irma, Maria et Harvey. Les deux premiers étaient de catégorie 5; Maria a fait 13 victimes et Irma, entre 1 000 et 5 000. Bien que de catégorie 4, Harvey était l’ouragan le plus violent à frapper le sol américain depuis 2002. Il a fait 40 morts.

Les tornades représentent, elles aussi, un danger de taille. En 2017, il y a eu environ 1 400 tornades aux États-Unis, dont la pire était celle qui a frappé le sud de l’état de la Géorgie causant 11 décès. En tout, 34 personnes ont perdu la vie en 2017 suite à une tornade et le coût total des dommages s’élevait à quelque 6 milliards $.

Quant aux volcans, ils ont fait des leurs, eux aussi. Toujours en 2017, le volcan Sinabung, sur l’île de Sumatra, est entré en éruption, crachant des flammes jusqu’à 4 000 pieds dans l’atmosphère. Bien que les cendres et la fumée aient affecté des milliers d’habitants des alentours, elles n’ont pas fait de victimes. Par contre, les cultures de plusieurs centaines d’agriculteurs ont été complètement détruites.

Et que dire de toutes les inondations, les sècheresses, les glissements de terrain, les ressacs déchaînés des océans et les rafales violentes capables de déraciner des arbres? Qu’en est-il des animaux, avec qui nous partageons la planète, et des plantes, sauvages ou cultivées, comme les tomates et les patates?

Si les mammifères naissent mâle ou femelle, le sexe des reptiles, dont les iguanes, les alligators, les tortues marines et autres reptilias avec ou sans carapace, est déterminé par la température. Pour la plupart d’entre eux, une température d’incubation égale ou supérieure à 33 degrés donnera un mâle et une température égale ou inférieure à 30 degrés, une femelle. Entre 31 et 32 degrés, on aura les deux.

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Même les mammifères marins, comme les lamantins, ne sont pas à l’abri des aléas du climat. Les lamantins d’Afrique doivent quitter certaines sections des fleuves pendant la saison des pluies en raison des courants trop forts. Lors de la saison sèche, ces mammifères peuvent se faire piéger par des cours d’eau réduits à l’état de mare.

Si la population des abeilles diminue à une vitesse effrayante, les tiques et les moustiques prolifèrent grâce, en partie, aux inondations. Ces insectes sont porteurs de maladies infectieuses, comme la maladie de Lyme, le virus du Nil occidental, la dengue et le Zika, et ils font de plus en plus de ravages dans l’hémisphère nord.

Compte tenu de tout ce qui précède, ces signes avant-coureurs d’un désastre écologique sans précédent n’ont rien de rassurant ni de marrant. Allons-nous laisser le sort de la planète au hasard? Sans nous débarrasser de nos habitudes destructrices, la planète, et la race humaine avec elle, risque de sombrer dans le néant.

Réponses

Avez-vous trouvé les 15 mots? Les voici :

Ouragan : de l’arawak «huracan» par l’espagnol «huracán»

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Tornade : de l’espagnol «tornado», de «tornar» = tourner

Volcan : du latin «Vulcanus» par l’espagnol «volcán» = montagne de feu

Ressac : de l’espagnol «resaca»

Tomate : de l’aztèque «tomatl» par l’espagnol « tomate »

Patate : de l’arawak «batata» par l’espagnol «patata»

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Iguane : de l’arawak par l’espagnol «iguana»

Alligator : de l’anglais par l’espagnol «lagarto» = lézard

Carapace : de l’espagnol «carapacho»

Lamantin : mot d’origine caraïbe « manati » = mamelle, par l’espagnol «manatí» = vache de mer; l’altération de la prononciation est peut-être due à l’influence du verbe «lamenter» qui décrit le cri de l’animal

Moustique : de l’espagnol «mosquito», diminutif de «mosca» = mouche

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Se marrer : peut-être de l’espagnol « marearse » = avoir la nausée

Hasard : de l’arabe andalou الزهر «az-zahr» = le dé, le jeu de dés, par l’espagnol «azar»

Débarrasser : de l’espagnol «desembarazar»

Sombrer : peut-être de l’espagnol «zozobrar» = chavirer

Les équipes hispaniques domineront-elles toujours le palmarès des meilleures équipes de foot? Cela reste à voir. Mais il n’y a aucun doute sur la contribution de la langue espagnole à la nôtre et ce, pour le plus grand plaisir des «aficionados» de la langue de Cervantes.

Auteur

  • Michèle Villegas-Kerlinger

    Chroniqueuse sur la langue française et l'éducation à l-express.ca, Michèle Villegas-Kerlinger est professeure et traductrice. D'origine franco-américaine, elle est titulaire d'un BA en français avec une spécialisation en anthropologie et linguistique. Elle s'intéresse depuis longtemps à la Nouvelle-France et tient à préserver et à promouvoir la Francophonie en Amérique du Nord.

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