Bain de culture et d’histoire à Berlin

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Publié 05/02/2008 par Benoit Legault

Un bain de kultur à Berlin. Voici une immersion incontournable pour une personne cultivée. New York, Paris et Londres ont de la compétition dans la super ligue des villes lumières de l’Occident de notre temps. Et pour prendre ce bain, il faut bien une semaine.

Dans l’angle mort de notre champ de vision culturel il y a l’Allemagne, et surtout Berlin. Certes, la culture underground berlinoise des années 1990 est bien connue. Mais qui prend une semaine pour «faire Berlin», comme on fait New York, Paris ou Londres? Pourtant, Berlin s’affirme comme une capitale mondiale des grands musées, de la musique classique, de l’art contemporain et de l’architecture du XXIe siècle.

En prime, Berlin est le site de plusieurs horreurs du communisme (avec le Mur) et du fascisme (atrocités nazies)… Ce qui a catalysé un cortège de mémoriaux aussi fascinants que déprimants. Une semaine à Berlin, c’est un minimum pour prendre un bain de culture… et aussi d’histoire.

Il faut être méthodique – à l’allemande! – pour ne pas rater les sites culturels essentiels, incontournables ici et introuvables ailleurs.

En priorité, il faut voir et entendre la salle du légendaire orchestre Berliner Philharmoniker. L’édifice extérieur est banal, restrictions budgétaires d’après-guerre oblige, mais la salle principale de la Philharmonie est un hymne à l’acoustique et à l’art lyrique.

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La scène est presque au centre de la salle, les rangées de sièges sont désalignées, de petites corniches assurent la participation occasionnelle de choristes. «Ici, tout est conçu en fonction de la projection maximale du son de la musique classique et du chant. Aucun compromis n’est accordé à des considérations autres que cet objectif», explique le guide en anglais, d’un air plutôt satisfait.

Si vous n’avez pas acheté de billet des semaines à l’avance, la visite guidée quotidienne sera probablement votre seule chance d’apprécier ce Graal du grand art. Les représentations de la deuxième salle, la Kammermusiksaal, où se produisent les orchestres de chambre, est nettement plus accessible aux «sans papier» d’entrée, et elle comporte des caractéristiques similaires à la grande salle. Les meilleurs places, sur les côtés de la scène, sont si proches des musiciens qu’on peut pratiquement lire leurs partitions.

Une déception, les programmes des séances de musique et d’opéra étaient en allemand seulement, comme beaucoup de choses d’ailleurs. Malgré ses ambitions internationales et ses visées touristiques, Berlin se présente souvent uniquement dans la langue de Goethe (tout le musée des instruments de musique, le Musikinstrumentenmuseum, attenant à la Philharmonie, n’est qu’en allemand). Toutefois, les Berlinois eux-mêmes parlent en général l’anglais.

Autre priorité majeure, le Pergamonmuseum qui constitue l’offre muséale la plus prestigieuse et originale de Berlin. Au milieu du XIXe siècle, l’Allemagne est la puissance occidentale la plus amie de la Turquie. Cela permet aux Allemands d’importer, à grands frais, de grandes merveilles archéologiques. Le grand autel de Pergame et sa frise sculptée comptent parmi les plus grandes réalisations hellénistiques de l’Antiquité. Le Musée de Pergame présente cette oeuvre gigantesque, déterrée en Turquie, transportée et reconstruite à Berlin… et divinement épargnée par les pluies de bombes du milieu du XXe siècle…

Le Pergamonmuseum est la superstar de l’îlot des musées, en ex-Allemagne de l’Est, qui a fait l’objet d’investissements se comptant en milliards d’euros. Ce musée se spécialise dans la reconstruction et la présentation d’œuvres antiques géantes dans leur intégralité, ce qui donne plus que nulle part ailleurs le sentiment de vivre au temps de l’Antiquité.

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Ensuite, la starlette des musées berlinois est le musée du film: Museum Für Film. Il faut réserver des heures à la découverte du cinéma national allemand, toujours dans l’ombre des cinémas américain et français, mais aussi dans la lumière brillante de personnes, de femmes surtout, telles Leni Riefenstahl et Marlene Dietrich. Une salle entière est consacrée au cinéma lié au nazisme. Les documents visuels présentés sont bouleversants, et rarissimes.

Puis, à Berlin, le nazisme est présenté sous toutes ses sutures purulentes et sanguinolentes. L’époque «de la dictature», comme disent les Allemands, n’est pas escamotée, bien au contraire. L’influence du national-socialisme sur tout et en tout est analysée et soupesée avec la soif d’absolu teutonne. Un voyage à Berlin est donc forcément un périple émotif, comme lorsqu’on visite Topographie de la Terreur, musée à ciel ouvert dans les locaux éventrés de la Gestapo, à l’ombre d’une section préservée de 200 mètres du Mur de Berlin. C’est un «combo» d’histoire inoubliable.

À quelques centaines de mètres de la porte de Brandebourg, le Mémorial aux Juifs assassinés d’Europe occupe une superficie comparable à celle du parlement allemand. Berlin la tolérante d’aujourd’hui et d’hier, avait, il faut le noter au stylo feutre, voté contre l’élection du gouvernement d’extrême-droite en 1933…

• Hyatt Berlin: Un des 25 hôtels cinq-étoiles de Berlin. Exceptionnel par la chaleur de son personnel, le côté artistique de son lobby – signé par l’Espagnol Rafael Moneo – son spa immense, sa terrasse et piscine qui accordent une vue plongeante de la cité et sa situation aux abords de la Potsdamer Platz.
• Ellington Hotel: Excellent rapport «bon goût/prix» dans cet hôtel-design à deux pas de la chic avenue Kurfurstendamm, au coeur de l’ancien Berlin-Ouest. Le buffet du petit déjeuner est divin. Dans une ancienne boîte de jazz où a joué Duke Ellington, de là pareille appellation.
• Motel One Alexanderplatz: Un maillon d’une petite chaîne allemande d’hôtels beaux, bons, pas chers. Déclinant le bleu et le brun très tendance, le Motel One Berlin-Alexanderplatz propose ses petites chambres pétillantes au cœur de l’ancien Berlin-Est.
• Tourisme Berlin: «visitberlin.de».
• Office national allemand du tourisme: «cometogermany.com», 1-877-315-6237 ou 416-598-5353.

À suivre…

Auteur

  • Benoit Legault

    Journaliste touristique basé à Montréal. Collaborateur régulier au Devoir et à l-express.ca. Responsable de la rédaction de guides Ulysse. Benoit Legault a remporté plusieurs prix de rédaction touristique. Il adore l'Ontario et ses Grands Lacs.

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