Arthur Guindon: prêtre, historien, poète, peintre…

Arthur Guindon: Le Génie du Lac des Deux-Montagnes (c. 1920)
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Publié 31/05/2020 par Gabriel Racle

Inspiré par la nature des Laurentides, intéressé aux légendes des Premières Nations, le sulpicien Arthur Guindon a laissé une oeuvre artistique et philosophique injustement méconnue.

Né à Saint-Polycarpe, une petite ville près de Vaudreuil au Québec, c’était le fils de Michel Guindon (1816-1881) et de Marie-Louise Bézénaire (1827-1915). Son père, autrefois marchand à Ruisseau Saint-Hyacinthe puis à Williamstown (Haut-Canada), était cultivateur et juge de paix.

Nous connaissons très peu de choses de l’enfance d’Arthur Guindon. Il habitait sur la terre familiale et il a probablement fréquenté l’école du village. Ses parents le destinaient à des études plus poussées.

Arthur Guindon

Formation intellectuelle

En janvier 1881, son père décède d’une crise cardiaque alors qu’il animait une assemblée politique à Coteau-Landing, ce qui n’a pas empêché Arthur de commencer des études au collège de Montréal à l’automne 1881. Mais il lui fallu les interrompre au printemps suivant à cause des importantes nécessités de la ferme familiale.

Une tradition de la Compagnie des Prêtres de Saint-Sulpice prétend qu’il aurait été bûcheron avant son état ecclésiastique. On croit qu’il a travaillé quelques années dans les chantiers forestiers pendant l’hiver en y gagnant un salaire d’appoint qu’il versait peut-être en partie à sa famille.

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Arthur Guindon retourne au Collège de Montréal à l’automne 1885. Il termine son cours classique au printemps 1890. Il était un étudiant studieux et particulièrement doué car il a récolté de nombreux prix dont la médaille d’argent du Gouverneur général du Canada en discours français (1890).

Il a pu faire des études en partie grâce à son cousin sulpicien, William Leclair, qui a payé une partie de ses frais de pension.

Formation religieuse

Attiré par la vie religieuse, en 1890 Arthur Guindon s’adonne à l’étude de la philosophie et en 1891 il entre au Grand Séminaire de Montréal. Il se prépare à devenir prêtre.

En 1894, il fait état de son désir d’entrer dans la Compagnie des Prêtres de Saint-Sulpice, une société de prêtres diocésains fondée à Paris en 1641 afin de mettre en œuvre les décisions du concile de Trente (1545-1563) sur la formation religieuse.

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Mais Guindon est atteint d’une surdité précoce dégénérative qui met à mal son plan de carrière. Les Sulpiciens acceptent cependant de le recevoir dans leur communauté. En 1895, il part en France pour aller parfaire sa formation et devenir Sulpicien. Il est ordonné prêtre à Paris le 21 septembre 1895 et en 1897 il revient à Montréal.

Sulpicien

Devenu Sulpicien, Arthur Guindon est nommé professeur de mathématiques au Collège de Montréal en septembre 1897. Mais l’aggravation de sa surdité l’oblige à renoncer à l’enseignement dès

L’année suivante, on le nomme alors économe du collège, poste qu’il occupe jusqu’en 1906. De 1906 à 1908, il est nommé procureur provincial adjoint, puis de 1908 à 1913, nous le retrouvons économe provincial.

Enfin, de 1906 jusqu’à 1923, il occupe le poste de vicaire de la paroisse Notre-Dame. Il aidait le curé dans ses fonctions, notamment aux sépultures du cimetière Notre-Dame-de-la-Côte-des-Neiges

Poète et peintre

Arthur Guindon était passionné par la nature. Au mois de juillet 1912, il acquiert un vaste domaine dans les Laurentides, comprenant le lac Gémont. Il y passe la plus grande partiel de ses vacances estivales.

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En 1919, n’arrivant plus à assumer seul l’entretien de cet important domaine, il en vend une partie à des confrères sulpiciens qui se regroupent pour faire du lac Gémont un lieu de vacances pour des séminaristes peu fortunés.

Arthur Guindon s’intéressait à l’histoire, à l’art et à la littérature. La poésie et la peinture étaient pour lui une façon d’exprimer son amour de l’histoire et de son séjour.

Arthur Guindon: La Corriveau, v. 1910-1923.

Œuvres littéraires

En 1920, Arthur Guindon publie une étude intitulée En Mocassins concernant les sociétés et l’univers mythique des Amérindiens.

«L’ouvrage est composé de deux parties distinctes. La première partie consiste en une étude des sociétés et de la culture des sociétés iraquiennes et algonquiennes. La seconde partie, de loin la plus originale, est un recueil de poésie dont les thèmes sont puisés à même les mythes et les légendes autochtones. L’ensemble de l’œuvre est illustrée de ses dessins et de ses peintures.»

En 1922, il publie Aux temps héroïques, recueil de poésie illustré traitant d’épisodes de l’histoire de la Nouvelle-France, et de contes et de légendes du Canada français. Arthur Guindon s’exprime en utilisant différents genres littéraires comme l’épopée, la tragédie, la comédie.

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Deux poèmes, Le Château Ramezay et Le Vieux cadran du Séminaire, sont plutôt une réflexion historique sur le passage du temps et le passé.

Dans Les trois combats du Long-Sault (1923), Arthur Guindon expose les résultats de ses recherches historiques sur les batailles historiques qui ont eu lieu près des rapides du Long-Sault qui ont existé jadis sur la rivière des Outaouais au Québec. Les journaux du moment, Le Devoir et L’Action-française, présentent son travail.

Œuvres picturales

L’œuvre picturale connue d’Arthur Guindon comprend 14 huiles sur toiles et 26 dessins. L’ensemble de son œuvre est conservé dans la collection des Prêtres de Saint-Sulpice de Montréal.

Arthur Guindon était probablement autodidacte; on ne lui connaît pas de formation spécifique pour le dessin et la peinture, et il aurait appris son art par ses propres moyens.

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Ses «œuvres ne sont pas particulièrement novatrices d’un point de vue formel et technique; leur originalité réside surtout dans les thèmes illustrés et la composition, qui témoignent de l’imagination débordante de l’artiste.»

«Il est clair que Arthur Guindon a utilisé des matériaux de premier choix pour l’époque et qu’il a pensé à la pérennité de ses huiles et de ses illustrations.»

Inspiration amérindienne

Les cultures et les mythes amérindiens intéressent Guindon et inspirent son imaginaire pictural et le tableau Le Génie du Lac des Deux-Montagnes (vers 1920) est un bel exemple très représentatif.

Cette toile, aussi appelée Le Concert d’Oka, conservée par les Sulpiciens de Montréal, s’harmonise avec le poème du même nom dans le recueil En Mocassins. Ainsi se trouve montré le lien qui existe dans l’esprit de leur auteur entre la poésie et la peinture.

Considéré comme le chef-d’œuvre d’Arthur Guindon, le tableau présente le génie Oka, un être avec des apparences humaines mais se différenciant cependant d’un être humain. Certaines créatures représentées sont clairement inspirées par les mythes algonquins, mais le génie semble être issu de l’imagination de l’artiste peintre.

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Un arrêt cardiaque cause la mort d’Arthur Guindon le 26 juillet 1923, alors qu’il s’apprêtait à partir pour ses vacances annuelles dans les Laurentides

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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