Art tendance avec Ron Loranger et Marc LeMyre

La Galerie Glendon propose une exposition des œuvres récentes de l’artiste visuel franco-ontarien Ron Loranger intitulée Blobettes, plus, jusqu’au 10 mars. À l’occasion du vernissage, mardi 7 février, le poète et performeur Marc LeMyre a présenté l’oeuvre de Loranger d’une façon toute spéciale. Un événement dédié à un public curieux des tendances actuelles en art contemporain.

LeMyre, artiste des mots, des histoires et de l’image a créé des segments narratifs inspirés des œuvres visuelles de Loranger à travers l’utilisation de matériaux scéniques dont le théâtre et la poésie-performance.

Un spectacle fidèle à la personnalité singulière du comédien reconnu pour son audace artistique et sa verve aiguisée, mais aussi parfait pour introduire les blobettes et leur auteur.

Martine Rheault, coordonnatrice artistique de Glendon, a eu l’idée originale d’inviter Marc LeMyre, artiste incitateur et non conformiste, «pour animer la présentation des blobettes qui, au départ, ne sont pas nécessairement faciles à décoder par les regards non familiers avec le travail de Loranger»

iPhone et Internet

La technique de l’artiste consiste à déconstruire des images médiatiques pour en faire des gouttes d’aquarelles, ou des blobettes selon les propres dires de Loranger, sous la forme d’une série d’aquarelles et de dessins grand format.

«Depuis quelques années, Loranger travaille en fusionnant le dessin à l’aquarelle. Les images de ses dessins proviennent de différentes sources dont la télévision, par l’entremise de son iPhone et des différents groupes sociaux trouvés sur le Web», décrit Marc Audette, commissaire de l’exposition.

L’artiste recueille donc des images numériques qu’il transpose sur ses aquarelles constituées de gouttes ou taches plus ou moins grandes et de dessins fragmentés posés ici et là sur le papier.

«La volupté et l’épaisseur des pigments révèlent un savoir-faire pointu et laborieux» selon Audette. «Les traits réalisés à l’encre de chine semblent plus près de l’écriture que du dessin. Mais, à bien observer, on perçoit des morceaux d’objets, des animaux et des parties de paysages».

Instincts d’alchimiste

En utilisant le pinceau d’une main et la palette d’aquarelles de l’autre, Loranger pose donc de grosses gouttes de peinture sur une section de la toile. Quelques jours plus tard, l’artiste manipule doucement ces gouttes pour les modeler en vue d’atteindre d’infinies variables.

À partir de cette technique, depuis 1989, Loranger consacre environ deux mois chaque année à la création d’une série d’œuvres. On dit de sa pratique qu’elle rejoint «les instincts d’un alchimiste qui connaît comment les pigments réagiront, certains lourds, d’autres plus clairs»

«J’élabore la structure visuelle des blobettes à partir de mon vécu, de mes états d’âme et d’événements qui me marquent», confie Loranger.

Regard futuriste

L’artiste puise ses sujets et ses thèmes dans la télévision et sur le Web «qui procurent une source continue et infinie d’images, de photographies, vidéos, de textes et d’actualités», rappelle-t-il.

Au lieu de manipuler les images par l’entremise d’un ordinateur, Loranger crée une banque de dessins faits à la main à partir de sources d’images numériques qu’il incorpore ensuite dans ses œuvres: «un genre de Back to the Future artistique», selon Marc Audette.

Aujourd’hui le progrès est étroitement lié à l’ère numérique. En maniant des modes de production numérique, Loranger, à travers ses blobettes, nous offre une piste d’observation peu banale, à la fois criante et introvertie, sur la modernité.