Plutôt que d’essayer de circonscrire la tendance actuelle de l’urbanisme chinois, l’exposition Detours à l’affiche de la Galerie Eric-Arthur de l’École d’architecture se concentre sur la réaction à la tendance dominante. Sous-titrée Tactical Approaches to Urbanization in China, elle présente onze projets dont le dénominateur commun est la préservation du contexte, ou plus exactement la tentative de retrouver le contexte culturel, social et naturel, afin de prévenir le désastre.
La tendance dominante de l’urbanisme chinois paraît encore reposer sur les principes de la Charte d’Athènes rédigée entre les deux guerres. En faisant primer le transport automobile et le fonctionnalisme, ces préceptes ont complètement chambardé la nature des villes en Occident après le second conflit.
Le résultat n’aurait pas été différent en Chine, et cette approche est bien représentée dans l’exposition par les «dix points» de la politique urbaine tels que définis par Quinyun Ma. Curieusement, celui-ci maintient que certains de ces principes, tels que le changement permanent, l’élimination constante et l’immensité, qu’il définit comme l’aptitude à surmonter tous les obstacles, sont inhérents à la tradition chinoise. N’est-ce pas l’image que l’on se fait des bouleversements par lesquels passe aujourd’hui la Chine?
L’intérêt de cette exposition tient à la réflexion qu’elle suscite sur des problèmes urbains et environnementaux qui, par leur nature, ne sont pas différents des nôtres, même s’ils s’en distinguent par leur ampleur et acuité. Inspirées par une situation de plus grande urgence, les solutions imaginées peuvent éclairer les responsables de la construction de nos villes.
La proposition de Wang Hui pour le vaste quartier industriel Dashanzi à Beijing illustre la pertinence de ces rapprochements. Abandonnés par les industries, des centaines de petits bâtiments bon marché et d’autres ateliers logés dans des usines plus considérables ont depuis une vingtaine d’années été récupérés par quelque 2 000 artistes. Afin d’éviter leur éviction, Wang Hui propose de renforcer la vocation culturelle du quartier, et pour maintenir ces ateliers au coût le plus abordable il prévoit de les subventionner grâce aux revenus générés par des édifices de grande taille qu’il érige à la périphérie du site.