Aphrodisiaques inefficaces, dangereux, prometteurs

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 21/02/2017 par Ève Beaudin

Disons-le d’emblée, la très grande majorité des aphrodisiaques sont au mieux inefficaces, au pire carrément dangereux pour la santé. Ce qui n’empêche pas les hommes et les femmes de se tourner vers différents produits disponibles sur internet lorsqu’ils font face à une panne de désir…

Pour faire la part des choses, le Détecteur de rumeurs s’est penché sur une revue de la littérature médicale publiée en 2015. Les auteurs ont passé en revue 50 publications portant sur les aphrodisiaques les plus populaires.

En se basant sur les recherches antérieures, les auteurs ont recensé ceux qui étaient inefficaces et ceux qui représentaient des risques pour la santé, en s’attardant particulièrement sur les conclusions des études sur des humains plutôt que celles sur des animaux. Et ils ont même identifié quelques aphrodisiaques prometteurs…

Inefficaces

C’est le cas du chocolat et des huîtres. Le cacao contient des composants identifiés comme pouvant stimuler la production de sérotonine, censée stimuler le désir. Mais lorsque les scientifiques ont comparé la libido des consommateurs de chocolat à celle des non-consommateurs, il n’y avait pas de différence.

Pour ce qui est des huîtres, elles contiennent du zinc, nécessaire pour produire la testostérone, et des acides aminés qui peuvent jouer un rôle dans la réponse neurale d’un individu au plaisir. Cependant, aucune expérience n’a confirmé que les huîtres ont un effet réel sur la fonction ou le désir sexuel.

Publicité

Dangereux

C’est le cas de la fameuse «mouche espagnole» et du crapaud-buffle (aussi appelé bufo).

Dans le cas de la mouche, il s’agit d’un insecte qui sécrète de la cantharidine, une substance toxique. Ingérée, elle irrite les muqueuses urinaires, ce qui peut provoquer une érection, mais aussi des urines sanglantes, des vomissements, des douleurs abdominales. Une surdose peut même être mortelle.

Le crapaud bufo, pour sa part, produit une toxine psychoactive, la bufoténine, qui peut provoquer des hallucinations. On la retrouve dans des aphrodisiaques, car elle aurait une activité s’apparentant à la sérotonine. Il y aurait eu plusieurs cas d’empoisonnement et au moins une mort reliée à l’ingestion de bufoténine. Pas très romantique!

Braconnage

Le rhinocéros a pour malheur d’avoir une corne dont la forme ressemble à un phallus, ce qui a porté l’homme à croire qu’elle pourrait être aphrodisiaque une fois réduite en poudre. On était même prêt à payer le gros prix pour en consommer.

En Asie, la corne de rhinocéros se vendrait 30 000 $ ! Pas étonnant que le braconnage ait presque mené l’espèce au bord de l’extinction.

Publicité

Composée principalement de kératine, la corne contient aussi du calcium et du phosphore, des composantes qu’on retrouve dans les poils, les ongles et les sabots d’animaux. La corne de rhinocéros ne possède aucune propriété aphrodisiaque et il n’existe aucune donnée pour étayer son utilisation.

Prometteurs

Les études sont encore préliminaires, mais certaines recherches semblent indiquer que le ginkgo biloba et le ginseng rouge de Corée pourraient avoir un impact sur la libido.

L’extrait de ginkgo biloba est utilisé traditionnellement en médecine chinoise pour traiter la dysfonction sexuelle. Un seul essai, en 1997, a démontré une amélioration significative de la dysfonction sexuelle chez les hommes et les femmes, en revanche, un autre, en 2004, n’a pas pu trouver des différences significatives.

Les auteurs de la méta-analyse de 2015 sont d’avis que le ginkgo devrait faire l’objet d’études supplémentaires. Ils soulignent cependant qu’il peut entraîner des saignements et recommandent une utilisation prudente.

Pour ce qui est du ginseng rouge de Corée, il pourrait aider à la dysfonction érectile. Les chercheurs ont trouvé sept études qui comparent l’utilisation du ginseng pour la dysfonction érectile à un placebo ; le ginseng est apparu efficace. Il améliorerait également l’excitation sexuelle chez les femmes ménopausées.

Publicité

Le dosage optimal reste inconnu et les chercheurs estiment qu’il pourrait avoir des effets œstrogéniques. Le ginseng ne devrait donc pas être utilisé par les personnes avec un cancer dit hormonosensible (cancer du sein ou de la prostate).

Auteur

  • Ève Beaudin

    Journaliste à l'Agence Science-Presse, média indépendant, à but non lucratif, basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada et la seule de toute la francophonie qui s'adresse aux grands médias plutôt qu'aux entreprises.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur