Quand Albert Millaire montera sur les planches du Théâtre français de Toronto (TfT) cette semaine, sa performance dans la peau de M. Green viendra souligner ses 50 ans de carrière. Une belle coïncidence. Mais, pour l’illustre figure du théâtre québécois, la ressemblance entre lui et son personnage s’arrête-là.
«J’ai déjà 70 ans moi-même. Je n’ai pas encore l’air d’un vieillard», lance avec humour Albert Millaire à l’autre bout du fil. «Le monsieur que j’interprète dans la pièce en a 86. C’est avant tout un magnifique rôle de composition», dit l’acteur, alors que la pièce Visites à Monsieur Green, de Jeff Baron, dans une traduction de Michel Tremblay, poursuit sa tournée pancanadienne avant de s’arrêter à Toronto à compter du 19 octobre prochain.
Originellement créée en 1997 à New York, Visites à Monsieur Green (Visiting Mr. Green, en anglais) y a tenu l’affiche pendant un an. La pièce a depuis été jouée 200 fois dans 14 langues différentes. Au TfT, dans une mise en scène de Jacques Rossi, Visites à Monsieur Green repose sur le tête-à-tête, parfois conflictuel, entre un jeune cadre et le vieillard de 86 ans qu’il a renversé en voiture.
Condamné à une peine de travaux communautaires, Russ Gardiner (Louis-Olivier Mauffette) doit rendre visite une fois par semaine à M. Green (Albert Millaire), un vieil homme d’un abord grincheux et abrupt qui vient juste de perdre sa femme et vit prisonnier de ses souvenirs. L’arrangement ne fait l’affaire ni de l’un, ni de l’autre, mais peu à peu, les choses vont changer.
Albert Millaire a approché ce rôle d’octogénaire avec passion et enthousiasme. «C’est un personnage qui, au départ, est assez fermé, raconte-t-il. Il a des principes et fait beaucoup d’erreurs. Et puis, c’est aussi quelqu’un de très âgé. Quand on avance en âge, on redevient un peu plus spontané, un peu comme un enfant. M. Green est drôle et sympathique, malgré sa dureté. C’est assez formidable de jouer des rôles aussi complexes», laisse échapper Albert Millaire.