Quand on écoute Au bout du rang (La Tribu/Sélect), il est impossible de ne pas songer que cet album, Marie-Annick Lépine devait le porter en elle depuis toutes ces années passées à harmoniser et violonner joyeusement au sein des Cowboys Fringants.
On pourrait aller jusqu’à dire que la gestation de ces 14 chansons à saveur résolument folklorique remonte à son enfance, puisqu’elles se veulent une réflexion sur ce que le temps – ou le progrès, ou le cynisme, ou la loi du plus fort – nous ont volé.
Nostalgique mais lucide, Lépine ouvre son album de photos de famille pour mieux prendre la mesure de l’écart entre ce que nous sommes devenus, individuellement et collectivement, et ce que nous avons perdu.
Il était donc naturel que ces chansons issues de sa plume trahissent un écho de mélodies familières (et familiales), puisqu’elles puisent dans la mémoire commune la sève de leur mélancolie, donnant à quiconque s’en imprègne l’impérieux désir de retrouver les repères et les saveurs de l’enfance.
Et si ses dénonciations font mouche, c’est parce que Marie-Annick ne les assène pas avec l’autorité d’une quelconque militante, préférant brosser des tableaux doux-amers, dont elle nous laisse tirer les conclusions qui s’imposent.