En juin 1942, Adrienne Clarkson, alors âgée de 2 ans et demi, pose pied pour la première fois sur le sol canadien. Quelques mois plus tôt, accompagnée de ses parents et de son frère, la petite Adrienne réussit à fuir Hong Hong sous occupation japonaise. Des années plus tard, après avoir mené une brillante carrière de journaliste à la CBC et avoir occupé le poste de Déléguée générale de l’Ontario en France, Adrienne Clarkson deviendra la 26e gouverneure générale du Canada.
Durant ses cinq années passées à Rideau Hall, alors que Jean Chrétien et Paul Martin occupent le poste de premier ministre, elle fera de la promotion du bilinguisme canadien et de la prise de conscience de la nordicité du Canada deux enjeux centraux de son mandat. Sa biographie, intitulée Le Coeur au poing, est sortie simultanément en français et en anglais le 18 septembre. La critique a surtout retenu ses remarques acerbes à l’endroit de l’entourage de Paul Martin et ses justifications à sa réputation de grande dépensière. Mais pour Adrienne Clarkson, sa biographie était avant tout un prétexte pour raconter l’histoire de sa famille. Un an jour pour jour après son départ de Rideau Hall, L’Express l’a rencontrée.
L’Express: Pourquoi avez-vous décidé de rédiger si rapidement vos mémoires après votre départ de Rideau Hall?
Adrienne Clarkson: Je voulais faire quelque chose de tout à fait différent et j’avais en tête depuis plusieurs années d’écrire un livre sur ma famille, mes parents, notre vie à Hong Kong, avec ensuite la guerre, les terreurs de la guerre et notre arrivée au Canada après un voyage absolument extraordinaire.
L’Express: Votre devoir de réserve en tant que gouverneure générale a-t-il stimulé un besoin pressant d’exprimer votre pensée?