Adieu, Staline! Un roman sur une gamme de mélodies

Lamara Papitashvili, Adieu Staline !
Lamara Papitashvili, Adieu Staline ! roman, Ottawa, Éditions David, collection Voix narratives, 2021, 208 pages, 21,95 $.
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Publié 06/02/2022 par Paul-François Sylvestre

En 2017, Lamara Papitashvili a publié le roman Une adolescente en exil (Gref) sous le pseudonyme de Lamara Sagaradzé. Aujourd’hui elle nous offre, sous son vrai nom, une magnifique histoire intitulée Adieu, Staline! Le tout est inspiré de la fuite de son grand-père de l’URSS en 1932.

Ilia et Témour, deux jeunes hommes à l’aube de la vingtaine, ne voient pas d’avenir pour eux à Koutaïssi, leur petite ville de Géorgie. Ils décident de partir, dans l’espoir de trouver place sur un bateau vers l’Amérique.

Fuir Staline, une aventure dangereuse

C’est Ilia qui conçoit ce projet au début des années 1930. Témour suit son ami, «ce frère aux cotés de qui tout était possible». Sans ce pilier d’amitié et de force, il serait resté figé dans son ancienne vie.

Témour est le narrateur de cette aventure aux multiples rebondissements. Les épreuves physiques et morales minent leur voyage de la Géorgie au Liban, en passant par la Turquie et la Syrie. Ils sont parfois jetés en prison, souvent témoins de la violence bestiale des hommes.

La musique, personnage principal

Si Ilia et Témour sont les protagonistes du roman, on peut dire que la musique en est le personnage principal. Selon la situation, Témour entend des airs et en joue souvent. Le piano s’impose dans sa vie «comme un troisième poumon».

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Les airs vont de Mozart à Satie, en passant par Tchaïkovski, Chopin, Schubert, Wagner et Paliachvili. Grâce à toute une gamme de mélodies, Témour «joue son départ de la Géorgie, la peur d’un avenir incertain, la joie d’un nouvel amour et l’espoir d’une vie meilleure».

La romancière signale que, selon Platon, la musique donne une âme à nos cœurs et des ailes à nos pensées.

Amours et rêves

Ilia est un très beau jeune homme et un tombeur de filles aguerri. Quand il mange à sa faim, cela inclut souvent un dessert sexuel. Lorsque Témour découvre l’amour, on assiste à un superbe duo où «la présence de l’un efface les inquiétudes de l’autre».

Lamara Papitashvili décrit avec brio comment «la vie est un terrain accidenté, composé de plateaux, d’abîmes et de montagnes».

Le voyage d’Ilia et Témour dans ce genre de géographie illustre que nous pouvons nous défaire d’une image négative et en adopter une conforme à notre véritable identité. Ces deux protagonistes sont la preuve qu’on ne réussit jamais à enlever aux gens la capacité de rêver.

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De Staline aux enjeux modernes

Adieu, Staline! aborde avec finesse des questions toujours aussi brûlantes d’actualité: l’identité, l’immigration, les réfugiés politiques d’États totalitaires et, plus largement, la quête du bonheur et de la liberté.

Née à DamasLamara Papitashvili a des racines en Géorgie, en Ukraine et en Russie. Polyglotte, elle a vécu en Géorgie, en Belgique, en Espagne, en Allemagne et maintenant au Canada, à Toronto.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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