À la recherche du parfum de Süskind

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Publié 09/06/2009 par Caroline Amiard

«Les gens n’ont pas l’habitude d’associer l’odorat à l’abstrait, ou à l’art, il y a des musées et des galeries sur tout mais rien sur le parfum ou l’olfaction. Cependant, comme dans la peinture, on peut tout représenter en odeur, on peut évoquer l’amour, la passion ou encore le froid des glaciers.»

Voilà l’introduction passionnée de Christophe Laudamiel, parfumeur pour l’International Flavors and Flagrances de New York. Ce jeune français présente une série de conférences sur le thème Le Parfum des parfums dans les Alliances Françaises des États-Unis et du Canada, il était jeudi 4 juin à l’AF de Toronto. Il a partagé ses connaissances sur l’olfaction et présenté son coffret de parfums inspirés du roman Le Parfum, histoire d’un meurtrier de Patrick Süskind.

Diplômé de l’École Européenne des Hautes Études des Industries Chimiques de Strasbourg en 1991, Christophe Laudamiel entame un stage dans la chimie des arômes puis se passionne pour la parfumerie. Il a ensuite suivi une formation de parfumeur senior en parfumerie fine. Aujourd’hui, il veut partager son amour de la parfumerie avec le grand public, qui ne connaît du monde de la parfumerie que le volet commercial.

Le Parfum ultime

«Le Parfum est une véritable bible pour tous les parfumeurs, autant pour la description des odeurs et la création des parfums, que pour l’histoire de Paris», affirme Christophe Laudamiel. Il a donc eu l’envie de retranscrire les odeurs décrites dans le livre. «C’était logique de créer des odeurs pour ce livre, c’est comme si on écrivait un livre sur la photographie, sans photo!»

Le Parfum de Süskind raconte l’histoire d’un génie de l’olfaction, né à Paris en 1738 dans un marché aux poissons, d’une mère tuée en place publique, quelques jours plus tard, pour tentative d’infanticide. Cet enfant est sans odeur, et donc sans intérêt, sans âme, il est mal aimé et vit une enfance douloureuse. Il apprend la parfumerie avec deux maîtres et va se mettre en quête du parfum ultime, le plus pur: l’odeur des vierges, pour se faire il va tuer 24 jeunes filles, afin d’extraire leurs odeurs.

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Christophe Laudamiel a recréé 15 senteurs des scènes clés du roman avec Thierry Mugler. Lors de la conférence, il a fait sentir l’odeur du bébé, que le héros du roman ne possédait pas à sa naissance. Le spécialiste explique qu’ils ont recréé l’odeur du front, c’est un mélange de molécules laiteuses, de vanille, de senteurs de biscuits, de caramel, et de musc.

Il a aussi fait sentir l’odeur de la vierge numéro 1, rencontrée à Paris alors qu’elle dénoyautait des mirabelles. Christophe Laudamiel a utilisé des touches laiteuses, des notes de riz blanc, de noix et d’abricot pour rappeler la peau blanche et l’innocence de la jeune fille.

Le parfum a aussi été créé à base d’arôme de mirabelle fraîche, de nénuphar et de brise de mer, mais le vrai secret est ailleurs. Les deux créateurs se sont servis d’odeurs corporelles de deux jeunes filles vierges, extraite par un médecin avec l’accord des parents. Le parfumeur a aussi recréé l’odeur du Paris de 1738, puanteur absolument abominable et insoutenable, un mélange de sueur, de pisse, de caniveau, de chevaux et de saleté.

La premier opéra de fragrances

Christophe Laudamiel a aussi créé un opéra de senteurs: le Saint Opera, dont la première mondiale a eu lieu dimanche 31 mai à New York. Le spectacle dure 30 minutes, le public est dans le noir, seules la musique et les effluves, propulsées puis détruites dans un tube fixé au siège, content l’histoire. «Les parfums sont les voix de l’opéra, ils apparaissent et disparaissent comme des personnages. En tout il y a 30 parfums différents, ils sont très complexes.»

Le nez: 350 récepteurs

Le nez se compose de 350 récepteurs et les cellules nerveuses olfactives sont les seules de l’organisme à se régénérer toutes les 2-3 semaines. L’odorat est liée à la vie, à la respiration et conditionne nos choix parfois. Ainsi les femmes sentent, inconsciemment, le système immunitaire de leur partenaire et recherchent un système immunitaire opposé, afin d’offrir au futur enfant un système immunitaire complémentaire.

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C’est tout le système olfactif, la création de parfums et la parfumerie de nos jours que le spécialiste a expliqué. Christophe Laudamiel a aussi évoqué son programme d’éveil à l’odorat qu’il organise dans les établissements scolaires. Avec des exercices simples il développe la mémoire et l’orthographe des enfants grâce à l’odorat.

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