«Attentes réalistes»: la juge en chef fait réagir

Maïra Martin, directrice générale d'AOcVF, et la juge en chef Beverley McLachlin.
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Publié 06/11/2017 par l-express.ca

Tout le monde n’a pas apprécié de la même façon le récent avertissement aux victimes d’agressions sexuelles lancé par la juge en chef de la Cour suprême du Canada, Beverly McLachlin, qui a affirmé que les plaignantes «doivent avoir des attentes plus réalistes par rapport à un système de justice qui doit protéger des fausses condamnations».

L’organisme Action ontarienne contre la violence faite aux femmes (AOcVF) réplique que policiers et juristes ont, eux aussi, des «attentes irréalistes de la part des victimes».

«Ils veulent des ‘victimes parfaites’, et ne comprennent pas l’impact d’une agression sexuelle sur une victime.»

Traumatisme

«Une agression sexuelle a de multiples effets qui affectent les victimes tant au niveau physique, que psychologique et émotionnel», affirme Maïra Martin, directrice générale d’AOcVF.

«Les conséquences du traumatisme subi, la culpabilité, la peur ou la honte font que souvent les victimes ne seront pas jugées crédibles lors des différentes étapes du système criminel.»

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Un projet de loi (C-337) cheminant présentement au Parlement vise à instaurer une formation obligatoire pour les juges en matière d’agression sexuelle. Selon AOcVF, une telle formation permettrait de s’assurer que les juges qui entendent des causes d’agression sexuelle ont reçu la formation nécessaire.

«Nous pensons sincèrement qu’une meilleure compréhension de la réalité des agressions sexuelles n’enlèvera rien au droit de l’accusé d’avoir un procès équitable, mais améliorera grandement le traitement des cas d’agression sexuelle dans le système criminel», explique Mme Martin.

Preuve solide

Face à la présomption d’innocence des accusés et à l’obligation pour les policiers et les procureurs, d’amasser une preuve solide, AOcVF pense néanmoins qu’une agression sexuelle «ne peut pas être vue comme n’importe quelle autre infraction».

Dans une lettre ouverte à la juge en chef, Mme Martin rappelle que «nous demandons ce dialogue social depuis de nombreuses années, mais nous n’avons pas été entendues jusqu’à maintenant».

Face à un système de justice qui les «revictimise», AOcVF salue le choix de beaucoup de survivantes de dénoncer l’agression qu’elles ont subie sur les médias sociaux, grâce aux mouvements tels que #MoiAussi et #AgressionsNonDénoncées, ou à travers des médias traditionnels.

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«C’est certainement cette prise de parole qui permet aujourd’hui de pouvoir parler du traitement des agressions sexuelles dans le système criminel canadien.»

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