L’idée peut sembler tordue, mais qu’importe: en écoutant Grand champion international de course (Indica/Outside), je n’ai pas pu m’empêcher de songer à Roland Barthes, le sémioticien français qui avait naguère développé le concept du «degré zéro de l’écriture».
Subvertissant cette notion pour mes propres besoins (quitte à en évacuer tout à fait le sens originel), j’en suis arrivé à la conclusion qu’avec cet opus 2 des Trois Accords, nous atteignons le degré zéro de la chanson, c’est-à-dire le degré de nullité, de bêtise et d’insignifiance absolues.
Mais pour être juste, il convient de saluer l’exploit de la formation originaire de Drummondville: en imposant avec autant d’aplomb leur tonitruante connerie (chiffres de vente à l’appui), les Trois Accords se mettent à l’abri de toute critique.
Qui, en effet, oserait s’en prendre aux auteurs de Gratte-moi, Bing Bing, Morceau de viande et le futur classique Tout nu sur la plage, de peur d’être taxé de snobisme ou, pire, de se voir accusé de n’avoir rien compris?
C’est sans doute flatter les zigotos que de situer leur musique au carrefour de Simple Plan et des Cowboys Fringants, mais cela donne une assez bonne idée de cet album qui revendique son infantilisme à grands coups de décibels.