The Story of French: «Le français demeure l’autre langue internationale»

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Publié 10/10/2006 par Aurélie Lebelle

Jean-Benoît Nadeau et Julie Barlow, partenaires au travail comme dans la vie, forment un duo littéraire très en vogue.

Lui est francophone et elle est anglophone mais tous deux jonglent avec les deux langues pour le plaisir de nos lectures. Après le succès du best-seller Pas si fous ces Français (Sixty Million Frenchmen Can’t Be Wrong en version anglaise), les deux Canadiens envahissent de nouveaux nos tables de chevet avec un nouveau livre qui devrait rapidement faire parler de lui.

La première page de The Story Of French, le dernier bijou des deux écrivains, reprend la célèbre phrase de Camus «Ma patrie, c’est la langue française» pour montrer l’impact de la francophonie dans une société tournée vers la mondialisation et où l’anglais semble avoir le monopole linguistique.

Sans être les défenseurs du français, Jean-Benoît Nadeau et Julie Barlow ont analysé son rôle et sa position de déclin avancée par certains. En retraçant l’histoire de la langue, de ses origines en France à son épanouissement aux quatre coins du monde, ils ont tenté de prouver que le français reste «l’autre langue internationale».

L’Express: Après avoir écrit Pas si fous ces Français, pourquoi avez-vous voulu écrire un ouvrage retraçant l’histoire de la langue française?

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Jean-Benoît Nadeau: J’ai eu l’intuition qu’il fallait évoquer la mondialisation française dont on parlait assez peu. Elle est souvent moquée et pourtant elle est essentielle. J’avais lu beaucoup de livres sur le sujet mais j’ai toujours été frappé par le fait qu’on fasse si peu de cas des questions géopolitiques. On parle beaucoup de la linguistique, de la beauté de la langue mais les vraies raisons sont ailleurs.

L’Express: Le ton de votre premier livre était plutôt léger et ironique. Ici, vous avez opté pour un ton plus neutre. Pourquoi?

Julie Barlow: On a essayé de mélanger le style journalistique et analytique pour en faire un livre qui soit chaleureux mais c’est vrai que le ton est plus neutre.

J-B.N: Nous avons fait un livre sur le français sans être Français et cela a été une découverte pour nous. Nous avons tenté de combattre les idées reçues. La francophobie est inscrite dans la culture américaine depuis huit siècles.

L’Express: Comment décririez-vous votre livre en quelques mots?

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J.B: C’est l’histoire du français qui montre qu’il n’est pas en déclin et que c’est une langue vivante.

L’Express: Est ce que votre livre est une défense du français?

J-B.N: Les gens pensent que si l’anglais se répand, le français ne peut être qu’en déclin mais c’est faux. Nous avons écrit ce livre en partant d’un constat simple qui dit que le français est en déclin. Nous avons voulu montrer le contraire. Le français est la deuxième langue enseignée au monde. Pour nous, une langue ne se répand pas parce qu’elle est belle mais parce que c’est une langue commerciale, utilisée dans la diplomatie…

J.B: L’idée que le français est en déclin est un mythe. Mais nous n’avons pas voulu prendre un ton défensif non plus.

L’Express: Qu’est ce qui fait, selon vous, le succès du français à travers le monde?

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J-B.N: Le français est la langue de la France. Elle a un grand prestige et une grande nourriture intellectuelle car c’est une langue littéraire, scientifique et culturelle.

J.B: Le français est une langue de promotion sociale en Afrique de l’ouest et au Canada.

L’Express : Vous proposez dans votre livre un tour du monde du français en quelque sorte…

J.B: Nous avons visité au moins 15 pays avant d’écrire notre livre. Nous voulions changer la perception qui donne à la France le monopole du français.

L’Express: Vouliez-vous aussi répondre au déclinisme très en vogue en France actuellement?

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J-B.N: C’est vrai que ce sont les Français qui y croient le moins, ils ne sont pas convaincus et manquent de confiance dans leur langue. Pour eux, l’anglais est la langue de la modernité.

L’Express: On parle beaucoup de l’argo et du verlan. Ne pensez-vous pas qu’ils risquent de faire évoluer le français et que la «norme», dont vous parlez beaucoup dans votre livre et qui est si chère aux francophones, ne puisse empêcher cela?

J-B.N: Les francophones pensent souvent que le français est à la dérive mais les gens qui ont un bon niveau de langue ont toujours pensé cela. Le concept de «ça ne se dit pas» est très fort en France mais pourtant les Français comprennent le sens de la phrase. Mais aujourd’hui, il y a plus de francophones dans le monde qu’il n’y en a jamais eu et l’on ne peut pas tout diriger.

J.B: Le pouvoir de la norme en français va continuer à durer. Cela restera et ne disparaîtra pas, quoi que tout est possible.

L’Express : Quel sera selon vous l’accueil du Canada pour votre livre?

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J-B.N: Les Canadiens ont une position exceptionnelle car leurs deux langues officielles sont deux grandes langues internationales. J’espère que nos concitoyens anglais vont le comprendre mais il y a encore un long chemin à faire.

L’Express: Le livre va paraître cette semaine en anglais, à quand une parution en français?

J-B.N: Nous discutons avec deux éditeurs québécois pour publier notre livre en français. Ils sont enthousiastes quant à l’accueil des francophones. Les différentes organisations francophones ou francophiles québécoises sont enthousiastes car le livre les aide à répondre aux questions qu’on leur pose souvent.

L’Express: Quels sont vos projets d’écriture?

J-B.N: J’ai plusieurs projets comme un livre sur l’Île-de-France qui serait humoristique mais aussi une histoire de l’anglais. Même s’il y a déjà beaucoup de livres sur la question, ils montrent souvent que l’anglais s’est répandu de manière naturelle et ce n’est pas vrai.

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Jean-Benoît Nadeau et Julie Barlow, The Story Of French, Knopf, Canada, 2006, 36$.

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