Vous connaissez la boutade? On dit de la guitare pedal steel qu’elle est employée pour nous rappeler, langoureux larmoiements à l’appui, que nous sommes en présence d’une chanson country. C’est peut-être vrai à Nashville, mais il s’agit là d’une vision trompeuse: que ce soit dans la musique hawaïenne (dès les années 1920-30), le western swing (à la Bob Wills) ou encore le sacred steel (veine ultra-jouissive du gospel afro-américain), cela fait des lustres que l’instrument a fait preuve de sa polyvalence.
Avec Bob Taillefer comme évangéliste, le pedal steel poursuit son œuvre œcuménique en investissant le créneau du jazz latin, grâce à Bob Taillefer Y Los Hermanos (autoproduction).
Mais le virtuose originaire d’Ottawa, qui a élu domicile à Oshawa (et qu’on a pu entendre aux côtés de Serge Monette et de Philippe Flahaut) n’est pas du genre à métisser pour métisser.
Hormis la juxtaposition d’instruments (steel, percus et section rythmique cubaine, pour l’essentiel), Bob Taillefer Y Los Hermanos s’en tient aux paramètres d’un jazz latin aussi conventionnel que convivial, qui se savoure tel un mojito bien frais au bord de la piscine.
Un léger bémol, pourtant: si l’on exclut quatre interludes de percussions, cette nouvelle galette frôle à peine la barre des 28 minutes.