Invités par la galerie Mercer Union à venir exposer leurs oeuvres dans le cadre du projet Paris-Toronto, dix artistes français ont répondu à l’appel. Sept d’entre eux étaient présents au vernissage de l’exposition intitulée Hapax Legomena vendredi soir dernier dans les locaux de la galerie, au 1286 de la rue Bloor ouest.
Travaillant ensemble depuis 2006, le groupe d’artistes avance dans son travail grâce aux réflexions collectives qu’ils peuvent développer. «Il y a une progression et une manière d’aller plus en profondeur», explique Yoann Gourmel, co-curateur de l’exposition. Quand ils ont découvert le lieu de leur future exposition, les artistes ont décidé de partir de l’histoire du lieu pour tisser leur réflexion. Cet ancien, resto, cinéma, les a inspiré dans leur travail.
«On a proposé cette situation aux artistes et on les a invités à penser à un projet», lance Élodie Royer, co-curatrice de l’exposition, lors de notre rencontre le soir du vernissage.
Faire des propositions
Toute l’exposition est basée sur un film, Hapax Legomena, de Hollis Frampton, dans lequel des photographies se consument pendant qu’une voix hors champ décrit une image qui n’est pas encore présente à l’écran, comme pour déconstruire le récit. «C’est un rapport spécial à la narration. Il y a une désynchronisation, ça fait appel à la mémoire.»
Dans son film de 1971, Frampton propose lui-même une relecture de son propre travail à travers une perspective analytique mêlant réminiscence, narration et exercice de style iconographique. Michael Snow, un artiste torontois fait la voix. «Pour nous, le film amenait des points de réflexion. À partir de là chacun a fait sa propre lecture», souligne Yoann Gourmel.
Les artistes parisiens expliquent leur démarche dans le pamphlet de présentation de l’expo: «Jouant sur la mise en relation de temporalités diverses, sur les mécanismes antagonistes du souvenir et de l’anticipation, cette exposition souligne la problématique commune aux démarches de ces artistes, pour qui la remise en circulation, le collage ou le montage souvent non-linéaire d’histoires, d’images, d’idées et de formes du passé demeure une stratégie artistique visant à prendre position dans le monde d’aujourd’hui.»