Gaston Tremblay est probablement le premier Franco-Ontarien à avoir consacré quarante-cinq ans à l’écriture d’un roman. Il a entamé Le grand livre en 1967 et le dernier point a été ponctué en 2012. C’est donc après plus de quatre décennies de meurtrissure, de blessure, de contexture et d’écriture que Gaston Tremblay a pu se libérer en racontant son premier et peut-être son seul amour: sa relation avec André Paiement.
Dans ce roman entièrement autobiographique, Albert ou Ti-Gros est Gaston Tremblay, Paul-André ou Toots est André Paiement. Au tout début du récit, l’auteur nous «invite à passer de la ligne à l’interligne, de l’au-dehors à l’en dedans». Il réussit à le faire «du fond de sa solitude».
Le grand livre a quatre trames: il y a d’abord 41 chapitres qui forment la trame principale, puis le journal de l’auteur adolescent et le journal de l’auteur aujourd’hui (sous forme d’apartés), enfin le journal d’André Paiement (72 entrées en bas de page). Ces dernières sont mot pour mot extraites du journal ou «grand livre» tenu par les deux amis en 1967-1968, et comprennent quelques références à ses pièces et chansons.
L’écriture est centrale dans la relation entre Gaston Tremblay et André Paiement. «C’est au carrefour de nos phrases et dans l’interligne de notre écriture que nous nous sommes découverts, compris, aimés, haïs…»
Dans le grand livre tenu par les deux amis, c’est surtout Albert/Gaston qui écrit; Paul-André ajoute le plus souvent de brèves notes en réponse à ce que son meilleur ami a écrit.