condo BOOM!

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Publié 26/09/2006 par Claude Bergeron

Réunissant des artistes, des architectes, des urbanistes et des organismes communautaires, condo BOOM! veut susciter une réflexion sur l’impact des tours d’habitation. Jusqu’au 30 septembre, des expositions, des projections de films et des séances de discussion exploreront comment ce phénomène aussi soudain que démesuré est en train de changer l’aspect physique de la ville en même temps que les conditions de vie, et tout cela sans que nous soyons vraiment préparés à y faire face.

Cette initiative, modeste et manifestement entreprise avec des moyens limités, est un départ qu’il convient de saluer. Elle sera suivie dans quelques semaines d’un symposium beaucoup plus officiel organisé par la Ville de Toronto, en collaboration avec l’Institut canadien d’urbanisme et la Société des architectes de Toronto.

Il est urgent que cette réflexion se fasse. Dans certains cas, elle vient trop tard. Dans cette rubrique, j’ai déjà souligné la détérioration de la qualité de l’habitation qui nous menace de même que la densification qui, si jamais elle a été planifiée, se fait souvent de façon tout à fait aveugle.

La densification s’impose à Toronto plus que dans beaucoup d’autres villes. Elle est bonne pour l’activité commerciale et, correctement faite, elle distribue les centres d’activités en les rapprochant des habitants. Surtout, elle s’impose pour améliorer le transport en commun. Le Plan officiel a déjà prévu tout cela en identifiant cinq centres majeurs et en désignant des avenues où la densification s’harmonisera avec un service de transport amélioré.

La réalité ne traduit que partiellement ces prévisions. Il est vrai que la situation actuelle découle du contexte antérieur au Plan officiel puisque l’OMB a réussi à retarder son adoption durant près de quatre ans. Là où la densification est engagée depuis plusieurs années, comme les axes King et Queen ouest, aucun plan pour améliorer le transport en commun ne semble exister. Dans d’autres artères que le Plan officiel identifie comme avenues, telle l’avenue Eglinton, on autorise des maisons basses, à faible densité, et cela à deux pas d’une station de métro.

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Par contre, chacun sait que la densification se fait massivement dans d’autres parties de la ville. L’auteur du Plan officiel, Paul Bedford, déplore un abus de densification. Pour leur part, les promoteurs et la Ville se réjouissent des revenus du gigantisme, mais on sait bien peu de choses de l’impact de ce phénomène. Pour le moment, on est en mesure de prévenir les futurs occupants que leurs enfants ne pourront peut-être pas fréquenter l’école du voisinage.

D’autres, comme l’organisme communautaire St. Christopher House, déplorent non seulement l’absence de logement social mais aussi le manque de logement familial (trois chambres à coucher) autant pour les gens bien nantis que pour les démunis. Ce ne sont pas de bonnes nouvelles pour quiconque pense que la diversité et le mélange social sont essentiels à la santé d’une ville.

Il faut aussi étendre la réflexion à la qualité du logement. Les promoteurs paraissent toujours plus préoccupés de vendre un style de vie qu’un appartement de qualité. Ce n’est probablement pas nouveau et le style de vie n’est pas en soi incompatible avec la qualité de l’habitat, mais si pour procurer un style de vie et un certain luxe, comme ces salles de bain plus nombreuses que les chambres à coucher et parfois plus grandes qu’une chambre à coucher, il faut réduire d’autres espaces de vie à des dimensions infimes et les priver d’éclairage et de ventilation naturels, il est temps de reconsidérer les priorités et la façon d’y répondre.

Ce n’est pas seulement pour garantir un luxe que l’on coupe dans des besoins essentiels. On le fait aussi pour consacrer une plus grande part du budget au marketing. On rapporte que jusqu’à 14% du budget prévu pour un projet est consacré au marketing. Ceux qui dernièrement ont visité des salons de vente de nouveaux condos ne seront pas totalement surpris: façades de marbre, cascades de deux étages à l’intérieur de ces édifices temporaires, somptueuses pochettes d’information qu’on distribue par milliers. Les promoteurs n’hésitent pas à recourir à des messages aussi dégradants que ceux des brasseurs de bière. Auraient-ils compris que cela valait mieux que de s’adresser à l’intelligence de leur client?

Pas étonnant ensuite qu’il ne reste que 2% pour le design. C’est bien peu pour le pauvre architecte, direz-vous? En effet c’est peu, mais il faut peut-être malheureusement conclure qu’il reçoit ce qu’il mérite pour son travail. Dans ces tours, les plans sont presque toujours les mêmes et les façades largement standardisées. Pour la façade des maisons en rangées ou superposées, on nous ressasse des dessins vieux de 100 ans et plus.

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Les activités de condo BOOM! se déroulent au Theatre Centre, 1087 Queen St. Ouest. Pour connaître le programme, visiter: www.multistorycomplex.org

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