Le jour, Mireille Bonhomme travaille dans les communications. Elle porte un tailleur jupe noir et des lunettes sombres. La nuit, la jeune femme de 32 ans se transforme en Mimi la twisteuse, DJ consacrée du Boat, bar branché du Kensington market. Elle y revisite le répertoire des classiques francophones des années 60 à 80, de Gainsbourg à Dutronc. La soirée Zoï Zoï de samedi dernier, «francofantastique», a été un succès phénoménal.
Boules à facettes, ambiance tamisée, écrans projetant des émissions des années 60, le Boat avait recréé l’atmosphère des petits clubs où l’on se trémoussait jusqu’à pas d’heure quelques décennies auparavant. Les habitués avaient revêtu une tenue branchée aux couleurs des sixties pour se fondre dans le décor: chemise colorée pour ces messieurs, robe courte et bottes hautes pour ces dames. Le déhanché promettait d’être réussi.
Vers minuit, Mimi la twisteuse entre en scène pour pimenter un spectacle encore un peu trop frileux. La soirée commence alors véritablement et, très vite, la piste de danse est prise d’assaut par des danseurs délirants, qui s’éclatent sur des musiques mythiques aux rythmes endiablés. «Je joue de la musique francophone des années 60 à aujourd’hui, des gros succès et quelques titres moins connus, souligne Mimi la twisteuse lorsqu’elle évoque la soirée au Boat. Des archives sur grand écran défilent pendant la soirée.»
«J’ai commencé cette soirée il y a un an, souligne Mimi. Je ne pensais pas que les gens y porteraient tant d’intérêt.» Pourtant, il y a foule à la soirée Zoï Zoï. Adieu les zombies qui bougent en cadence sur des musiques techno, ici le danseur s’exprime et profite d’une musique rarement jouée à Toronto. «Ce sont surtout des jeunes de 18 à 30 ans, qui s’intéressent à la musique et qui connaissent Gainsbourg ou Dutronc», précise Mimi. Certes, le public est jeune mais il reste très amateur de chansons françaises bien qu’en majorité anglophone, comme le déplore un peu la DJ: «Il y a beaucoup d’anglophones et pas assez de francophones à mon goût.»
Qu’importe, tous se retrouvent sur des morceaux choisis et enivrants. «Il y a de la joie, du plaisir et tout le monde est heureux car les chansons sont toujours humoristiques comme celle des Cactus de Dutronc.» En effet, lorsque Mimi passe cette chanson, la folie s’empare des danseurs. La moitié ne comprend probablement pas les paroles, mais peu importe. Tous reprennent le célébrissime «aïe aïe aïe, ouïe!», comme s’il s’agissait de l’hymne d’une génération.
Mimi la twisteuse est tout sourire lorsqu’elle voit tous ces corps se trémousser sur la piste de danse. Aux couleurs de la soirée, elle porte une robe courte, typique des années 60. Icône de la Zoï Zoï attitude, elle représente un personnage atypique dans le monde de la musique. «Pendant 12 ans, j’ai fais une émission sur les années 60 sur les ondes d’une radio universitaire de Montréal» explique-t-elle.