Vieillir en compagnie de ses amis

Et si on vivait ensemble tous ensemble

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Publié 14/08/2012 par Guillaume Garcia

Chez les étudiants, la colocation est un bon moyen de réduire les frais liés au logement dans une période de sa vie ou l’argent ne devient une denrée rare, contrairement aux pâtes et à la bolognaise. Pour les personnes vieillissantes, la colocation peut se trouver être une solution pratique quand on perd en mobilité et qu’on ne souhaite pas aller en maison de retraite, qui pourrait s’apparenter à de la colocation forcée. Et si on vivait tous ensemble nous plonge au cœur de la vie de cinq amis septuagénaires qui partagent leur quotidien, pour le meilleur et pour le pire.

Une belle brochette de comédiens

Le film de Stéphane Robelin Et si on vivait tous ensemble nous offre une distribution relevée, où Claude Rich côtoie Guy Bedos, Pierre Richard, Géraldine Chaplin et Jane Fonda qui retrouvait un tournage en français après 40 ans.

Dans une proche banlieue parisienne, à Nanterre, les amis de longues dates vivent tous encore dans leurs appartements, ou maison mais sentent le poids de l’âge et surtout la pression des enfants.

Jean (Guy Bedos) est un activiste de longue date est mariée à Anne (Géraldine Chaplin). Engagé dans diverses causes humanitaires, il n’accepte pas de vieillir et ne peut même plus partir en mission, l’assurance refusant de le couvrir.

De ses proches amis, on ne sait pas grand chose à part que Jeanne (Jane Fonda), mariée à Albert (Pierre Richard), a enseigné la philosophie à l’Université de Nanterre. Le dernier de la bande, Claude (Claude Rich) est un photographe à la retraite usant régulièrement des services du plus vieux métier du monde.

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L’idée fait son chemin

Jean lance un jour, au cours d’un dîner, l’idée de vivre tous ensemble dans la même maison, pour s’entraider. Personne ne porte attention à sa proposition mais au fur et à mesure des soucis de santé de chacun, les protagonistes commencent à y penser sérieusement.

On ne change pas des habitudes si facilement que ça et la cohabitation entre ces différents personnages ne s’annonce pas facile.

Au travers de tout ce vieux monde, Dirk (Daniel Bruhl), un jeune allemand en thèse d’ethnologie se fait une petite place, commençant par promener le chien d’Albert, qui souffre d’Alzheimer pour finalement préparer le diner et faire quelques tâches ménagères pour la communauté.

Amis de très longue date, le club des cinq se retrouve à vivre tous ensemble sous le toit de Jean et Annie. Entre les petits soucis de santé et la construction d’une piscine, un truc de bourgeois selon Jean, la proximité entre les amis fait renaître de vieilles histoires.

On parle de tout

La sexualité des personnes âgées est abordée de manière très intéressante dans le film, sans tabou et sans misérabilisme. Entre Annie, qui se montre très câline quand Jean se met en colère et dit qu’il veut quitter la maison, Claude, qui va voir les filles de joie «par facilité» et Jeanne qui livre ses fantasmes et ses pratiques solitaires à Dirk, on s’aperçoit bien que tous vivent une sexualité et «ne sont pas des anges» comme dit Jeanne dans le film.

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Une relation particulière s’installe d’ailleurs entre Jeanne et Dirk. En promenade avec le chien d’Albert, les deux conversent et Jeanne prend le jeune thésard sous son aile. Entre la jeunesse et l’expérience, les discussions vont bon train. En difficulté dans son couple, Dirk essaie de recoller les morceaux mais Jeanne lui fait comprendre que parfois il faut s’écouter dans la vie et pas essayer que tout fonctionne tout le temps.

Le vieillissement de la population reste une problématique que la majorité de la population ne connaît pas bien et ne découvrira qu’au moment venu de sa propre vieillesse. Plus de cinq millions de Canadiens ont plus de 65 ans et ce chiffre risque d’augmenter dans années à venir, et avec lui les problèmes liés à la vieillesse. Et si on vivait tous ensemble pose finalement le doigt, de manière très délicate, sur ce qui se passe dans la vie de millions de personnes et qu’on ne soupçonne pas.

À voir au cinéma à partir du vendredi 17 août au cinéma Varsity(Bay et Bloor) et au Cinéplex de Sheppard.

Questions-réponses avec le réalisateur Stéphane Robelin

Pourquoi ce thème des «vieux»?
«J’avais envie de traiter de la dépendance, mais avec un côté ludique et sérieux. Un peu pour que les gens se posent des questions.»

Vous avez réuni une très belle distribution. Pas trop dur à gérer?

«Non! Ça c’est très bien passé. Ça a fonctionné par émulation. Ils ont senti qu’ils vivaient une aventure collective. Tout le monde avait ses petits challenges. Ils sont dynamiques. Par exemple pour Pierre Richard c’est vraiment un rôle de composition. Il fait plein de trucs dans sa vie.»

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Vous vouliez à tout prix parler de la sexualité des seniors?

«Oui, ça fait partie de leur vie comme de la notre. Je voulais faire ça avec humour et sérieux, on ne pouvait pas passer à côté. Dans la scène où Jean et Annie font l’amour, je voulais vraiment les montrer en train de faire l’amour, pour qu’on sache que ça existe.»

La mort est assez peu présente dans le film?

«J’en parle mais de la manière la plus gaie possible. Ce n’est absolument pas représentatif.»

Comment est venue l’idée de la colocation entre vieux?

«Je voulais montrer la possibilité d’une vie avec ses amis. Dans ma famille, on fantasmait sur ça. Ça fait écho à leur jeunesse, ils fantasmaient déjà de la vie en communauté. Ces gens ont vécu 68.»

Vous avez fait des recherches spécifiques pour le film?

«C’est drôle, en fait les initiatives sont apparues pendant que je tournais. Il y a eu beaucoup d’expériences dans les pays nordiques et en Allemagne. Ils sont moins frileux.»

Les films sur les vieux sont assez rares?

«Télérama a parlé de senior movie, j’aime assez ça! Il fallait que les héros soient des vieux. Même Jane Fonda on lui propose plus de premiers rôles. J’ai deux autres projets avec Guy Bedos et Pierre Richard qui jouent des vieux.»

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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