Une intéressante page de la culture japonaise

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Publié 31/07/2012 par Gabriel Racle

Une intéressante page de la culture japonaise, et c’est la ville de Québec, aux charmes historiques, culturels et gastronomiques bien connus, qui nous invite à la lire dans son Musée de la civilisation. Voilà qui est de bon augure.

Intitulée Samouraï. Chefs-d’œuvre de la collection Ann et Gabriel Barbier-Mueller, cette exposition propose une incursion captivante dans l’univers mythique de ces guerriers à la fois redoutables et féroces, cultivés et raffinés, à partir de la collection unique et exceptionnelle rassemblée au cours des 20 dernières années par Ann et Gabriel Barbier-Mueller.

Après avoir figurée au musée du quai Branly à Paris (France), spécialisé dans les arts premiers, à l’automne 2011, cette très originale exposition sera présentée à Québec jusqu’au 27 janvier 2013. On ne peut donc pas la manquer, et il vaut la peine d’y faire un tour.

On connaît en effet les samouraïs au moins de nom ou l’on en a vu des représentations au cinéma, dans la littérature, les jeux vidéo ou les mangas. Mais que sait-on exactement d’eux? Voilà donc l’occasion de découvrir un peu mieux ces samouraïs qui demeurent toujours aussi fascinants que le pays qui leur a donné vie, le Japon.

Du grand art

Lors de sa présentation à Paris, les grands journaux français, souvent fort critiques, n’ont pas tari d’éloges. «Cette exposition est spectaculaire» (Le Monde). «Originale et fascinante, à l’image du monde auquel elle revoie» (Le Figaro). «La plus belle collection au monde» (Paris Match).

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Ce grand art, c’est l’art de la guerre, mais selon l’originalité et la spécificité japonaises. «Au-delà de l’apparat, il y a du rythme et du hors mesure dans ces spectaculaires armures de samouraï où semblent se loger des esprits et des dieux de légende, où se côtoient flore et faune essentiellement aquatiques», explique Stéphane Martin, président du musée du quai Branly, dans l’avant-propos du catalogue.

En effet, Gabriel Barbier-Mueller a réuni une collection exceptionnelle d’armes et d’armures japonaises. Il faut dire qu’il est fils et petit-fils de collectionneurs d’art, qui l’ont formé au monde artistique. Entouré dès son enfance par quelque 7 000 œuvres d’art – son grand-père était connu comme l’un des plus grands marchands d’art de tous les temps avec une collection de Matisse, Cézanne, Picasso et surtout d’arts premiers, qui a conduit à la naissance du musée Barbier-Mueller à Genève en 1977 – il se passionne lui-même pour le Japon, son histoire, sa culture.

Armures du guerrier

L’exposition présente doc une partie significative des conséquences de cette passion, avec les armures de guerrier du collectionneur. On peut y voir plus de 150 ensembles, datant principalement de la période Edo (1603-1868), présentés au public pour la première fois au Canada, dont 22 armures complètes aux extravagances esthétiques les plus soignées; 3 rarissimes armures équestres, surmontées de trois cavaliers samouraïs prêts au combat; une tenue d’exception du clan Mori; une panoplie d’accessoires remarquables: casques étonnants par leur inspiration, masques grimaçants ou inquiétants, jinbaori – veste sans manches –, armes impressionnantes, étriers, selles, etc.

Chaque armure, chaque casque, masque, arme ou sabre devient une véritable œuvre d’art par la variété et le raffinement des matériaux utilisés et par la qualité d’exécution. Comme le fait remarquer Stéphane Martin, qui cite le célèbre écrivain japonais Mishima: «Il transparaît également l’étrangeté d’un art de la guerre qui, au Japon, correspond à une confrontation permanente avec la mort, ce que Mishima appelle « l’éthique du samouraï « .»

Cette remarque est importante pour le visiteur, car elle incite à réfléchir sur le statut de ces hommes qui, certes, portent des armures parfois si étranges, mais auxquels s’applique cette petite phrase du Hagakure, le livre secret des samouraïs: «Si tu es tenu de choisir entre la mort et la vie, choisis sans hésiter la mort. Rien n’est plus simple. Rassemble ton courage et agis.»

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Le catalogue

Et il ne faut pas oublier le catalogue de cette exposition, tout aussi impressionnant par sa présentation et son contenu, que les armures exposées. C’est un superbe ouvrage relié de grand format, 26,4 cm x 31 cm, comptant 360 p. et de très nombreuses illustrations des objets présentés, en couleur et souvent en pleine page, sous le titre: Armures du guerrier.

Cet ouvrage magistral comporte de nombreux textes explicatifs extrêmement intéressants pour comprendre davantage la signification et la valeur de ce qui est exposé. Les armures japonaises sont passées à la loupe, une chronologie et une carte permettent de situer l’histoire du samouraï dans le temps et dans l’espace. Puis est traité le rôle du guerrier dans l’histoire japonaise, ainsi que le rôle de la femme.

Les armes, les châteaux, le casque, l’équipement des chevaux sont passés en revue. Un glossaire, qu’accompagne une description terminologique, illustre une armure. Un ouvrage de base pour se documenter agréablement sur le sujet, que l’on ait ou non visité cette remarquable exposition.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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