Qu’il est simple de nous surveiller. Nous donnons nous-mêmes les clés en acceptant les multiples contrats, souvent sans les lire, pour accéder à l’univers de la vie mobile. Nous sommes entrés dans l’antichambre d’Orwell et de son célèbre 1984 – à moins que ce ne soit Le Meilleur des mondes d’Aldous Huxley.
«Le danger vient de la grande opacité des nouvelles technologies», opine Vincent Gautrais, titulaire de la Chaire L.R. Wilson (Université de Montréal) sur le droit des technologies de l’information et du commerce électronique. «Les révélations sur la surveillance généralisée sont le fruit d’un concours de circonstances, comme dans le cas d’Edward Snowden. Cela aurait pu continuer, ce qui en fait un sujet d’inquiétude.»
La surveillance de personnalités publiques et de journalistes ramène le problème des mandats globaux qui peuvent être accordés par une juge de première instance pour donner tout pouvoir aux policiers. «On peut alors s’interroger sur le niveau de connivence de la police et du judiciaire», indique Vincent Gautrais.
La grande noirceur
Les révélations d’Edward Snowden, ex-sous-traitant de l’Agence de sécurité nationale (NSA) américaine ont levé le voile sur l’espionnage à grande échelle de ces organismes, qu’ils soient américains, anglais, australiens ou même canadiens. Nous sommes tous surveillés. «Les journalistes n’échappent pas à cet univers. C’est rendu tellement facile, car nous laissons des traces lisibles partout», rappelle Dominique Peschard, de la Ligue des droits et des libertés.
Avec l’adoption en 2015 de la loi C-51, sur la communication d’informations ayant trait à la sécurité du Canada – connue aussi sous le nom de Loi antiterroriste, en droite ligne avec le Patriot Act américain – les agences canadiennes peuvent chercher des traces d’actions terroristes jusque dans les courriels et les messages vocaux.