Photographe de vedettes, mais pas paparazzo

Entretien avec Jean-Baptiste Le Mercier, photographe de stars du TIFF

Jean-Baptiste Le Mercier et ses photos de Amos Gitai et Adèle Exarchopoulos.
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Publié 17/11/2016 par Stan Leveau-Vallier

Isabelle Huppert, Kristen Steewart, Gaspard Ulliel… Jean-Baptiste Le Mercier a photographié des stars de cinéma pendant l’édition 2016 du Festival international du film de Toronto (TIFF), missionné par UniFrance et Madame Figaro. Il expose une sélection de ses meilleures photos (Visages de Cinéma) à l’Alliance française de Toronto jusqu’au 16 décembre, dans le cadre du Festival du film de l’Union européenne (EUFF). Entretien.

Comment a démarré votre travail de photographe au TIFF?

Arrivé à Toronto il y a 2 ans, j’avais une expérience professionnelle de photographe d’entreprise, et un portfolio de portraits que j’avais développé sur le côté.

Je me suis mis à la pige et j’ai approché UniFrance. J’avais un dossier solide présentant mon travail, et expliquant comment je souhaitais photographier des stars d’une façon originale, sur mesure. Ils m’ont embauché pour le TIFF.

Qu’est-ce qui est unique dans votre travail?

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J’aime faire des portraits qui mettent en valeur le sujet de façon originale, et éviter le simple fond blanc. Je m’adapte aux sujets et aux circonstances, mais j’ai aussi souvent des références de peinture classique en tête.

Pour cette exposition, j’ai privilégié la cohérence avec une majorité de fonds noirs ou bleus, et une lumière qui met en valeur le visage et la peau. Ainsi dans le triptyque de femmes – Isabelle Huppert, Diane Kruger et Lily Rose-Depp – on a toujours le même éclairage et des poses semblables.

Jean-Baptiste Lemercier et ses photos de Isabelle Huppert et Lily-Rose Depp.
Jean-Baptiste Le Mercier et ses photos de Isabelle Huppert et Lily-Rose Depp.

Comment se déroulaient les séances photo au TIFF?

C’était souvent «dernière minute», et donc avec beaucoup d’improvisation et le besoin de s’adapter. On m’obtenait des rendez-vous avec les personnalités à photographier, et elles avaient souvent très peu de temps. Il fallait faire vite, c’était beaucoup de pression.

J’arrivais en général avec plusieurs concepts en tête, et parfois je connaissais les lieux à l’avance. J’ai aussi toute une panoplie de petites techniques personnelles que je peux utiliser, comme l’effet que je donne au soleil dans la photo d’Adèle Exarchopoulos.

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La photo de Julia Decournau, avec le fumigène, est réussie, car j’ai eu la chance que le vent soit parfait. J’avais aussi déjà fait des essais avant, moins fructueux, qui m’avaient préparé. Il y a une composante de chance, mais il faut la saisir ou la provoquer.

Pour la photo d’Emmanuelle Bercot et de Sidse Babett Knudsen, j’ai eu littéralement une minute avec elles. Le lieu n’était vraiment pas idéal, mais il faisait beau, j’ai juste choisi de mettre le ciel bleu en fond.

Comment sont les stars?

De façon générale, ce sont des personnes très avenantes. Et très professionnelles, qui ont l’habitude des séances photo. Et souvent aussi très pressées, et entourées.

Isabelle Huppert, je me sens vraiment photographe accompli depuis que je l’ai photographiée. C’est un véritable personnage, intimidant, pas facile à saisir. Et quelqu’un de très exigeant, très professionnel, qui s’y connaît très bien en photo et peut faire des retours parfois difficiles.

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Au TIFF cette année, elle présentait trois films et devait courir dans tous les sens. Elle est arrivée accompagnée d’une dizaine de personnes : maquilleur, coiffeur, attachés de presse, etc… Ça met la pression. Elle aussi était tendue. Je lui ai montré les premières photos sur mon appareil. Cela l’a rassurée, elle a renvoyé tout le monde, et on a eu plus d’espace et un peu de temps.

Lily Rose-Depp était plus simple, juste avec un maquilleur et son garde du corps. Gaspard Ulliel, lui, était tout seul, et n’a obtenu un costume qu’à la dernière minute. Et après la séance photo, il devait courir à trois présentations de projections.

Amos Gitai était pieds nus et en t-shirt dans sa chambre d’hôtel quand je suis arrivé. Je lui ai dit de ne rien changer et je l’ai photographié comme ça. Mon rêve, ce serait qu’il me dise qu’il a accroché ma photo chez lui. Ou que sa mère le fasse.

Jean-Baptiste Lemercier et sa photos de Gaspard Ulliel.
Jean-Baptiste Le Mercier et sa photos de Gaspard Ulliel.

Quel est votre meilleur souvenir?

Je rêvais depuis longtemps de photographier le réalisateur Corneliu Porumboiu, car je trouve ses films géniaux, beaux, et modernes. Et il se trouve que c’est un des types les plus sympas que j’ai jamais rencontrés.

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Au début de la séance photo, il m’a vu tout affairé, un peu nerveux, et il ne comprenait certainement pas la perspective que je cherchais à obtenir avec le bâtiment derrière lui. Mais dès que je lui ai montré mes premiers essais sur l’écran de mon appareil, il a compris et cela l’a emballé. On a continué la séance, échangé autour des photos, et a on a ensuite passé un bon moment ensemble. On est en contact.

Quels sont vos projets?

J’en ai beaucoup! Mais j’aime beaucoup faire des portraits, et je propose aussi aux particuliers de les photographier. À bon entendeur…

Vernissage de "Visages de cinéma" à l'AFT mercredi soir. (La photo de Julia Ducournau.)
Vernissage de « Visages de cinéma » à l’AFT mercredi soir. (Au mur: la photo de Julia Ducournau.)

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