Amour ou haine, c’est la même chose

Love Among the Russians à Niagara-sur-le-lac

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Publié 18/07/2006 par Pierre Karch

De Tchékhov, on connaît surtout les nouvelles. Mais il y a une dizaine d’années, Guy Migneault montait, au Théâtre français de Toronto, Quatre farces russes en un acte traduites en français par Anne Nenarokoff-Van Burek.

Cet été, on peut voir deux d’entre elles, dans une adaptation de Morwyn Brebner, à l’heure du déjeuner, au théâtre Court House. Mais sa version s’éloigne sensiblement de l’originale. Elle est du deuxième millénaire avec toutes ses vulgarités qui étaient impensables au XIXe siècle. Et c’est ce qui m’a mis un peu mal à l’aise à cause surtout des décors de William Schmuck qui rappellent la Russie de la fin du XIXe siècle.

The Bear

Cette première farce met en scène Grigory (Blair Williams), le prétendant mal léché, soit l’Ours du titre, à la fois timide et colérique. Lui tient tête Elena (Diana Donnelly) qui s’emporte, tout en voulant garder la retenue qui sied aux jeunes veuves de bonnes familles.C’est un feu qui couve, une flamme qui s’élève, une fumée qui retombe sur ses cendres.

On ne peut franchement pas croire que le mariage qu’ils contemplent pourra mener au bonheur. Mais, comme il s’agit d’une farce, on se détache assez facilement des personnages et on pense aussitôt à autre chose.

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The Proposal

Des deux, c’est le meilleur texte du dramaturge russe. Il offre aux comédiens plus de possibilités d’interprétation. Le meilleur rôle est celui du prétendant maladif, Ivan (Martin Happer), qui souffre de tous les malaises que lui inflige Natalya (Diana Donnelly).

C’est un véritable délice de le voir absolument torturé, dans son corps et dans son âme, par la femme qu’il aime et qu’il veut épouser. Certains spectateurs m’ont dit n’avoir jamais vu quoi que ce soit de pareil sur scène. Je suis jusqu’à un certain point d’accord avec eux. C’était phénoménal!

Mise en scène

Ce que j’ai surtout aimé, c’est la mise en scène de Eda Holmes qui tient parfaitement compte de ce qui se faisait à l’époque sur les scènes françaises. Elle fait de ces deux textes, des vaudevilles, c’est-à-dire des farces qui font une place de choix aux chansons dont les airs, connus, accompagnent des paroles nouvelles.

C’est ainsi, par exemple, qu’elle facilite les changements de décors de ces deux pièces qui se suivent sans entracte.

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Tout cela pour dire qu’on passe une heure absolument superbe à rire des malheurs des autres qui nous font apprécier davantage, si c’est le cas, notre bonheur conjugal.

Love Among the Russians, deux farces d’Anton Tchékhov, au théâtre Court House, jusqu’au 24 septembre 2006. Billetterie: 1.800.511. SHAW ou www.shawfest.com

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