Peinture – Musée d’Orsay: un ouvrage remarquable

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Publié 13/12/2011 par Gabriel Racle

Remarquable il l’est, ce livre récent, par son format à l’italienne ou paysage, ses 288 pages de reproductions de tableaux en couleur et en pleine page, ses 24 petites notices présentant discrètement un tableau et un peintre, ses index permettant de retrouver facilement une œuvre, un peintre, un essai, et la qualité des illustrations. Du grand art, sans aucun doute.

Musée d’Orsay

Le musée d’Orsay, dont les principales œuvres font l’objet de cet ouvrage, a ouvert ses portes en 1986 et il célèbre cette année son 25e anniversaire, avec notamment cette publication.

Mais les collections du musée ont une origine beaucoup plus ancienne, puisqu’elles sont constituées par le regroupement d’œuvres de provenance diverse et de musées plus anciens.

Les origines des collections de peinture du musée d’Orsay remontent en effet au musée du Luxembourg fondé en 1818 par Louis XVIII, afin d’accueillir les œuvres d’artistes vivants.

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Les œuvres reconnues comme méritant de passer à la postérité seraient transférées au Louvre, dix ans après la mort de l’artiste.

Mais c’était encore l’époque de l’art officiel, accordant la place à la «peinture d’histoire, aux portraits et aux paysages classiques, selon une hiérarchie des genres bien établie».

Ce n’est que vers la fin du XIXe siècle que les nouvelles tendances picturales voient s’entrouvrir les portes des musées français, avec Un enterrement à Ornans de Courbet, admis au Louvre en 1881, et l’Olympia de Manet au Luxembourg en 1890.

Le réalisme et l’impressionnisme finissent par trouver place dans les musées nationaux français, au Luxembourg en particulier.

La suite est une histoire de musées (Jeu de Paume, Palais de Tokyo, musée d’Art moderne) qui accueillent les tableaux des peintres des nouvelles tendances, et qui finissent par être regroupés au musée d’Orsay.

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S’y ajouteront, au fil des ans, des dons, des legs, des acquisitions, qui en font un musée en constante évolution.

Il propose ainsi au public une image toujours plus complète d’une époque foisonnante et variée, l’une des plus créatives de l’histoire de l’art, sur laquelle il se concentre: la création artistique du monde occidental de 1848 à 1914.

L’ouvrage

Peinture. Musée d’Orsay, Paris, Skira Flammarion, 2011, 30×25 cm, 336 p., 300 illustrations, relié, 49 €. Et se déroule alors, dans un certain ordre chronologique, souligné par des notices explicitant des tableaux qui marquent des étapes, un aperçu des richesses du musée, en partant de la Chasse aux lions d’Eugène Delacroix, 1854, pour se terminer par le Pont de Charing Cross d’André Derain, vers 1906.

Et entre ces deux œuvres, que de tableaux de maîtres.

Ainsi, après Des glaneuses de Millet, 1857, qui montre «une tension entre harmonie naturelle et violence sociale», apparaît

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Un enterrement à Ornans de Gustave Courbet, 1849-1850, un tableau qui fit choc. Cournet ne respecte pas les canons classiques: «donner l’importance d’une aussi vaste toile à un deuil obscur, voilà qui était inacceptable».

D’autant que l’on voit sur sa toile «des paysans endimanchés, que l’on juge trop laids pour mériter d’être peints».
Mais Courbet peint sa communauté, puisqu’il est né à Ornans, un petit village de Franche-Comté.

Avec Courbet entre le réalisme, que l’on retrouve dans d’autres de ses tableaux, comme L’Origine du monde, longtemps mi à l’index, ou la Femme nue au chien, présents dans l’ouvrage parmi d’autres œuvres artistiques, comme Le Déjeuner sur l’herbe de Manet, 1862-1863, un tableau rejeté par le jury du Salon de Paris de 1863 et exposé au Salon des Refusés par décision de l’empereur Napoléon III.

«Manet efface d’un coup les limites de l’immontrable».

Promenade

Ce livre offre un grand avantage: il donne la «parole» aux œuvres et donc aux peintres. L’écrit se fait discret, pour laisser le visiteur voir, comprendre, s’imbiber de l’esprit de l’artiste.

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Mais en même temps, cette succession de tableaux permet de discerner l’évolution des tendances picturales au fil du temps, au gré des acteurs.

Et défilent devant nos yeux des peintures d’Ingres, de Monet, de Bazille, de Cézanne, de Bonnard, de Van Gogh, de Seurat, de Gauguin ou de Signac, pour ne mentionner que quelques noms , sans citer les titres de ces tableaux et leurs représentations: des hommes, des femmes, des paysages, des scènes, des animaux, du gris, du noir, des couleurs fulgurantes, des éclats de lumière, des recoins de pénombre.

C’est s’aventurer dans les galeries du musée et découvrir le réalisme, l’impressionnisme, le pointillisme, le symbolisme d’une période foisonnante de créativité, avec la possibilité de faire des retours en arrière, de s’arrêter devant une œuvre, de faire des comparaisons, une promenade muséale que l’on peut reprendre à sa guise.

Cet ouvrage constitue un superbe cadeau à se faire ou à faire à toute personne désireuse de découvrir ou de redécouvrir une partie des richesses d’un musée, mises à portée de main, dans leur variété et leur diversité.

Un tel cadeau ne peut décevoir.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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