Yoko Ono, «l’artiste inconnue la plus célèbre du monde»

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Publié 17/05/2016 par Gabriel Racle

«L’artiste inconnue la plus célèbre du monde»: cette citation bienveillante est de John Lennon, ce fondateur des Beatles, qui qualifie ainsi celle qui est devenue sa veuve en 1980 après l’assassinat de son mari. Célèbre et méconnue, Yoko Ono l’était presque, mais elle commence à sortir de l’ombre que lui faisait peut-être son chanteur et musicien d’époux.

Elle avait connu de petites expositions limitées, Londres 1968, Vienne 2002, Montréal 2009, par exemple, mais rien de comparable à l’envergure de l’exposition de 2015 organisée par le Museum of Modern Art (MoMA) de New York, Yoko Ono. One Woman Show 1960-1971. Le chroniquer artistique du New York Times faisait alors cette remarque: «Ça valait le coup d’attendre.»

Et maintenant, c’est en France que cette artiste a droit à une rétrospective organisée par le Musée d’art contemporain de Lyon (MAC) jusqu’au 10 juillet.

Les amateurs d’art, les curieux désireux de faire plus ample connaissance avec Yoko Ono, qui se trouveront dans la région, ne manqueront pas de s’y rendre, sans compter que la ville elle-même mérite bien une visite.

Mais pour celles et ceux qui désirent savoir qui est vraiment Yoko Ono et sa contribution artistique, il existe aussi le superbe et impressionnant ouvrage des Éditions d’Art Somogy… en attendant notre tour.

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Du Japon aux États-Unis

Yoko Ono est née à Tokyo le 18 février 1933, il y a donc 83 ans, dans une des très riches familles du Japon. Sa mère est une peintre respectée et son père qui travaille dans une banque est aussi un pianiste de musique classique.

Comme nous l’avons déjà vu avec des nombreux autres artistes, les influences familiales sont souvent déterminantes sur la carrière d’un enfant.

Yoko bénéficie d’abord de la vie luxueuse d’un milieu très aisé et suit une formation multiculturelle dans une école réservée exclusivement aux familles riches. Mais la Guerre mondiale oblige la famille à fuir les bombardements de Tokyo pour se réfugier à la campagne où elle connaît avec son frère et sa sœur une vie de misère qui la marquera.

Après la guerre, les Ono émigrent à New York. Yoko, prénom qui signifierait bon, positif, montre très tôt des dispositions artistiques, écriture, chant, théâtre, lecture, musique expérimentale. En 1952, elle entreprend des études supérieures au Sarah Lawrence College, une université privée et indépendante d’arts libéraux de Scarsdale (État de New York), où sa famille a déménagé.

Elle rencontré le compositeur expérimental japonais Toshi Ichiyanagi, s’installer à Manhattan en 1955, s’adonne à la poésie, épouse Ichiyanagi en 1957, et rencontre John Cage, compositeur de musique contemporaine.

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Dès lors, la carrière artistique de Yoko va se diversifier et s’épanouir. Elle rejoint le mouvement artistique Fluxus, et lors d’une de ses expositions en 1966, elle rencontre John Lennon qu’elle épouse en 1968. Elle part alors pour le Royaume-Uni.

Artiste polyvalente

Yoko Ono est une artiste polyvalente: plasticienne, poète, musicienne, chanteuse, compositrice, écrivaine, comédienne, cinéaste, engagée pour la paix. Dans certains milieux, elle est encore reliée à la séparation des Beatles en raison de sa relation fusionnelle avec John Lennon.

L’exposition et/ou le livre d’art permettent de la montrer telle qu’elle est.

L’exposition, intitulée YOKO ONO Lumière de L’aube, présente plus de 100 œuvres, des poèmes illustrés, de 1952 aux grandes installations de 2016, qui englobent tout à la fois la performance, les instructions, les films, la musique et l’écriture. Fidèle à l’esprit de l’œuvre de l’artiste, il faut voit l’exposition, mais aussi l’entendre si l’on peut se trouver sur place.

Comme l’explique l’éditeur de l’ouvrage d’art, «C’est à l’occasion des soirées qu’elle organise au 112 Chambers Street que Yoko Ono réalise ses premières peintures instructions: Smoke Paintings, Painting to Be Stepped On, Shadow Piece… Il est clair pour Yoko Ono que son œuvre est d’emblée conçue pour être soumise à toutes les formes d’interprétation. Elle est, par définition, inachevée car réactualisée dans la durée, à chaque occasion, par qui le souhaite.»

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Et le livre donne cette possibilité. Outre des textes significatifs comme «Lumière de L’aube, Yoko Ono, À propos d’Instructure de Yoko Ono, De bouche à oreille, 112 Chambers Street, une chambre à soi, La Création Mono no aware de Yoko Ono: entre fondation et réception, Yoko Ono, une musique pour l’esprit, Yoko Ono et la musique», suivent les œuvres exposées, de la page 63 à la page 427, et une Anthologie des textes de Yoko Ono.

Le lecteur ne saurait en demander plus pour connaître un peu mieux Yoko Ono, en tenant compte du format du livre et des pages bleu-vert qui rythment les présentations. Et sans parler de la surprise que le lecteur aura en ouvrant la couverture et en la refermant. Yoko Ono sait aussi être déconcertante, ce qui n’enlève rien à l’intérêt de la découverte de son travail.

La Lumière de L’aube annonce bien l’éclat du soleil levant.

* * *

YOKO ONO. Lumière de L’aube, édition bilingue français-anglais, Paris, Somogy Éditions d’Art et MAC Lyon, 2016, 30 x 30 cm, reliure cartonné contrecollé, 600 illustrations, 496 p., 45 €.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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