En septembre, Dans un avion pour Caracas de Charles Dantzig a fait partie de la première sélection pour le prix Goncourt qui lui a finalement échappé. Au moment de l’annonce, j’avais déjà reçu ce roman mais j’ai mis du temps à le lire et à le digérer car il s’agit d’une œuvre déroutante, pour ne pas dire déstabilisante.
Blotti dans le ventre d’un Boeing 747 qui décolle pour Caracas, l’auteur regarde par le hublot de sa vie. Il nous parle de son ami parti enquêter sur Hugo Chavez, de politique, d’amour hétéro ou homo, et «du populisme qui submerge le monde comme une marée». Charles Dantzig nous parle de lui, mais c’est de nous qu’il est question.
Ce qui m’a dérouté dans ce «vol», c’est le constant passage du coq à l’âne. Le passager en route vers Caracas n’interagit pas avec sa voisine – une femme voilée – ou son voisin, un petit brun qui le fait saliver. Il raconte sa relation avec un certain Xabi, philologue séparée de sa Lucie. Ce personnage est un prétexte pour planer sur une foule de pistes ou sujets.
Dantzig dira, par exemple, que peu importe la langue, il n’y a probablement que deux lexiques dont la quantité est comparable: celui de l’amour et celui du pouvoir. L’auteur notera que «les malls sont des estomacs. Ils mangent les consommateurs qui y mangent.»
En parlant de Chavez, qu’il compare à Hitler, à moins que ce soit «un mélange de Mussolini et de Michel Drucker», Dantzig écrit que «Chavez harangue, menace, se plaint. […] Il fait du bruit pour couvrir les gémissements du peuple ayant compris qu’il est incapable. Et, comme tous les incapables, il manipulera de plus en plus les symboles. Cela cachera qu’il ne sait rien faire. […] N’attaque pas Chavez, cela lui rendrait trop service. Il se nourrit d’inimitié.»
Tel que mentionné plus tôt, le voisin de notre passager en route vers Caracas est un petit brun qui lui rappelle un amant qu’il a déjà eu. Il se souvient avoir été traité de «pédé» et avoir reçu ce mot comme une gifle. Mais il l’a accepté, a endossé le mot gay qui «exaspère les homosexuels honteux».