À la découverte de l’art d’un autre âge

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Publié 26/07/2011 par Gabriel Racle

Et c’est bien d’un autre âge dont il s’agit, avec la plongée dans le temps que nous offre le livre publié à l’occasion d’une exposition organisée au Musée de la préhistoire, aux Eyzies-de-Tayac, dans le sud de la France, jusqu’au 11 septembre.

Catalogue

Mais point n’est besoin de se rendre dans cette localité de la Dordogne française, si l’on n’en a pas l’occasion, pour découvrir cet art préhistorique surprenant, grâce à la publication qui accompagne l’exposition: Mille et une femmes de la fin des temps glaciaires, Éditions de la Rmn et du Grand Palais, Paris, 2011, 22 x 28 cm, 144 p., 150 illustrations en couleur, 28,50 €.

Car il s’agit bien de faire un retour en arrière, de plus d’une douzaine de millénaires, lorsque l’amélioration du climat permet à l’Europe d’être largement occupée par des populations de chasseurs/cueilleurs relevant de la culture magdalénienne.

Le nom Magdalénien vient du site préhistorique de la Madeleine, en Dordogne.

Le Magdalénien, la dernière grande culture du Paléolithique supérieur, est connu en Europe occidentale sur les territoires actuels de l’Espagne, du Portugal, de la France, de la Suisse, de l’Allemagne et de la Pologne, ainsi que dans le sud de l’Angleterre.

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Le Paléolithique supérieur est cette période caractérisée par l’arrivée de l’homme moderne en Europe. Elle se situe entre 35 000 et 10 000 ans avant notre ère.

Environnements

L’ouvrage s’ouvre par un chapitre très utile consacré aux paléo-environnements de la grande plaine européenne au Tardiglaciaire.

Ce chapitre est bienvenu pour nous resituer à l’époque dont les productions artistiques font l’objet de l’exposition et du catalogue.

«Le Tardiglaciaire est la période qui marque la fin de la dernière glaciation et le passage à l’interglaciaire actuel connu sous le nom d’Holocène.» (p. 17)

Et les deux spécialistes qui traitent de ce sujet donnent un aperçu très clair de l’évolution climatique, physique, végétale et faunique de cette période, avec des cartes et des tableaux. De quoi mettre à jour ou acquérir des connaissances sur ce passé lointain, pour comprendre l’évolution des sociétés humaines de nos origines.

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L’art préhistorique

L’art préhistorique explose à cette période. Sur des milliers de kilomètres, les modes de vie, les outillages très semblables, et l’expression symbolique, à travers des figurations féminines schématiques, traduisent une réelle homogénéité culturelle.

L’exposition rassemble des outils, des armes et une soixantaine d’œuvres d’art préhistoriques majeures en ivoire, bois de renne, silex, provenant des sites les plus importants (Pologne, Allemagne, France), qui se retrouvent dans le catalogue.

Le Magdalénien impressionne beaucoup par l’abondance et la diversité inégalées de ses outils de pierre, qui témoignent d’une culture matérielle très riche.

Bois de cervidés, os et ivoire sont également omniprésents en différents instruments: sagaies, harpons, bâtons propulseurs, bâtons percés…

Mais c’est surtout la grande maîtrise des productions artistiques – dont certaines sont des chefs-d’œuvre – qui illustre l’habileté des Magdaléniens: restitution des détails, des proportions, de l’impression de mouvement.

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Toutes les techniques sont utilisées: gravure, sculpture, dessin, peinture et même modelage sur argile. À cette période également, l’art pariétal se développe sur les parois de grottes grandes ou petites.

Les figures féminines

Le thème principal de l’exposition et du catalogue, c’est, comme son titre l’indique, la représentation de la femme dans l’art magdalénien.

Dans un langage expressif, le directeur du Musée de la préhistoire présente ainsi l’exposition:

«Elle propose de découvrir les nombreuses silhouettes féminines de la fin de l’ère magdalénienne, qui ont animé l’expression artistique, couvert les parois rocheuses, donné vie à des statuettes, pendentifs, objets d’art.»

La particularité de ces figures, c’est d’être non figuratives, mais stylistiques, schématiques, et de ce point de vue les reproductions de leurs traits en noir sur fond jaune dans le livre sont à la fois expressives et impressionnantes.

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On voit le mouvement de formes très féminines emportées dans un élan, une attitude, une expression.

Citons encore le directeur: «Les postures de ces sylphides, les formes saisies dans leur mouvement mettent en évidence les attributs traditionnels de la féminité, établissant un dialogue émouvant avec la stylisation et la simplification des motifs.

Ces femmes ancestrales sont à la fois des figures (scènes de danse) et des signes…»

Questions

On peur se poser mile et une questions en parcourant l’ouvrage de la Réunion des musées nationaux, tant il offre de sujets de réflexion sur ces sociétés et sur leur apport à notre civilisation, sur leurs conceptions sociales, cultuelles ou culturelles, sur l’évolution climatique et les effets du réchauffement sur leur mode de vie et leur adaptation à des environnements changeants, et bien d’autres encore.

Cet ouvrage nous donne une occasion unique de découvrir, avec de rares reproductions à l’appui, cette période lointaine qui est pourtant celle de nos origines. Et en voyant ces exquises formes féminines stylisées, on se demandera inévitablement: Est-ce de l’art ancien ou de l’art moderne?

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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